mardi 28 octobre 2025

Définir ou non une stratégie à l'ère de la post-vérité

Trump est parfois décrit comme le président de l'ère de la post-vérité. Ses mensonges grossiers, qu'il présente comme des "faits alternatifs" et qui sont crus par les millions de fanatiques font que désormais la réalité ne compte plus: seul le discours de Trump (aussi éloigné soit-il de la vérité) est ce qui "compte" à leurs yeux. Mais si Trump est l'exemple le plus évident des des dirigeants qui entendent supplanter les faits et la Vérité par "leur vérité", il n'est pas le seul. 

J'ai récemment pris conscience que, dans le conflit en Ukraine, presque tous les dirigeants (occidentaux et russes) usent et abusent de ce concept de post-vérité lorsqu'il s'agit de définir (ou plutôt de ne pas définir) leurs objectifs et leur stratégie générale, à l'exemption peut-être des Ukrainiens, qui eux ont clairement indiqué ce qu'ils voulaient: chasser les Russes de leur territoire, rapatrier les Ukrainiens déportés en Russie (notamment les enfants), poursuivre les criminels de guerre russes et obtenir des réparations. En comparaison, les autres dirigeants n'ont pas défini précisément leurs objectifs, ou l'ont fait de telle manière que seul compte ce que le dirigeant en dit.



Le Vranyo stratégique de Poutine

Les "raisons" avancées par Poutine en 2022 pour "justifier" son invasion à grande échelle de l'Ukraine n'ont pas changé depuis et elles sont lunaires, tellement éloignées de la réalité que seul un imbécile peut y croire. Ou plutôt, il s'agit d'un exemple de vranyo, une forme de mensonge évident (même pour celui qui le reçoit) mais que l'on traite pourtant comme la vérité, et qui leur a coûté si cher, notamment en 2022. Poutine prétend qu'il veut:

  • le désarmement de l'Ukraine: en 2014, l'armée Ukrainienne était une des plus mauvaise armées du monde. Depuis 2022, c'est une des plus forte armée du monde, à la pointe de l'innovation quand il s'agit de drones qui bouleversent la façon de faire des guerres à haute intensité au XXIe siècle.
  • la protection des populations russophones: ce sont les Russes qui rasent toute la partie russophone de l'Ukraine, et les Ukrainiens russophones vivaient en paix avant que Poutine n'envahissent une partie de l'Ukraine en 2014
  • la "dénazification" de l'Ukraine, alors que Poutine et toute sa clique est ce qui se rapproche le plus du nazisme alors que l'Ukraine est un pays démocratique, où l'extrême-droite fait des score électoraux très faibles comparé au reste de l'Europe
Toutes ces "raisons" sont donc absurdes, mais c'est précisément leur but: imposer, dans l'espace médiatique, un récit qui n'a rien de véridique mais influencera suffisamment de monde pour aider les Russes à mener leur guerre d'invasion.

Mais avoir des objectifs de guerre ne faisant sens que dans le discours et la "logique" de Poutine offre également l'avantage que c'est le grand chef qui juge si oui ou non ces objectifs ont été atteints. A tout moment, Poutine peut décider arbitrairement que la guerre doit s'arrêter car "les objectifs ont été atteints" ou au contraire décider de laisser la boucherie se poursuivre un peu plus longtemps. Du point de vue de Poutine, avoir des objectifs stratégiques déconnectés du réel est politiquement bien pratique.



Stoltenberg révèle le défaitisme des Occidentaux

Mais Poutine n'est pas le seul à s'être fixés des objectifs tellement flous qu'il est le seul juge de leur réalisation. Les dirigeants occidentaux, eux aussi, se sont toujours bien gardé de se fixer des objectifs militaires et/ou politiques précis. Il y a eu de très nombreuses déclarations de principe, souvent grandiloquentes, genre "nous soutiendrons l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire", mais qui ne fixent rien: ni la stratégie, ni le volume du soutien, ni même sa durée. 

Diplomatiquement, cela peut se comprendre: en effet, c'est à l'Ukraine de fixer ses objectifs stratégiques, pas à ceux qui la soutiennent. Dans le cas contraire, l'Ukraine apparaîtrait comme une marionnette et les Occidentaux comme ceux tirant les ficelles. Mais en pratique, même si l'Ukraine dispose d'une volonté et de ressources qui lui sont propres (et qui sont bien plus importantes que beaucoup, en Occident, ne se l'imaginent), elle reste financièrement et militairement dépendante de ces soutiens occidentaux, sans lesquels l'Ukraine ne pourrait même pas espérer mener une guerre conventionnelle longue contre la Russie. Aussi il serait logique que les occidentaux se fixent des objectifs et une stratégie pour les atteindre, quitte à ne pas les rendre public. Et, sans être dans le secret des dieux, il est fort probable que ces objectifs et cette stratégie n'existent tout simplement pas. 

Tout d'abord, car ce que l'on peut observer des actions de ces dirigeants occidentaux laisse penser qu'il n'y a effectivement pas de stratégie: aucune planification sur la quantité et le type d'armes fournies à l'Ukraine, décisions  ou déclarations contradictoires, "coalition des volontaires" qui s'occupe de l'après-guerre sans chercher à "gagner la guerre" d'abord, etc. On entraîne des brigades entières en 2023 (trop rapidement) puis plus rien ou presque. On ne se demande jamais "quelles sont les armes dont les Ukrainiens ont besoin" ou "comment contrer telle arme ou tactique russe". Bref, on observe un chaos, une absence de plan et de cohérence à long terme, tout le contraire d'une stratégie.

De plus, le livre de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN de 2014 à 2024, dépeint une ambiance défaitiste et un manque de volonté pour soutenir l'Ukraine. Philips O'Brien, qui a souvent critiqué les dirigeants occidentaux sur ce point précis, explique ce défaitisme par le "contrôle réflexif" exercé par la Russie sur l'esprit des Occidentaux. Mais ce défaitisme décrit par Jens Stoltenberg me fait envisager l'hypothèse que cette absence d'objectif et de stratégie est peut-être vue comme une manière de "surtout ne pas perdre" par des dirigeants plus préoccupés par communication politique que par l'efficacité militaire. En refusant de s'engager à soutenir suffisamment l'Ukraine pour lui permettre d'accomplir ses objectifs, les dirigeants occidentaux pourront toujours clamer après coup que leur but était juste d'empêcher les Russes d'envahir toute l'Ukraine, ou quelque chose du même genre. En quelque sorte, une sorte de variante du sophisme du tireur d'élite texan, une manière de présenter la situation finale comme une "victoire", même si dans les faits c'est plutôt une défaite pour l'Ukraine et les Occidentaux.



Macron et l'accord UE-Mercosur

L'autre nouvelle qui me fait dire que les dirigeants européens utilisent eux aussi l'ère de la post-vérité à leur profit est le changement de discours de Macron sur l'accord EU-Mercosur. Cela n'a rien à voir avec l'Ukraine, mais permettez-moi de développer un peu. Il y a huit mois, suite à des manifestations d'agriculteurs en colère, Macron qualifie l’accord de "mauvais texte" et dit qu’il fera tout pour le bloquer. Il se faisait fort de réunir une coalition de pays pour s'opposer à cet accord. Résultat, en marge de la "coallition des volontaires", le chancelier allemand a annoncé que l'accord était accepté. Même si Macron dit que l'annonce de Merz est prématurée et que les travaux continuent, il n'est plus opposé au texte. Pourtant, pratiquement rien dans le texte de l'accord n'a changé ces huit derniers mois. En tous cas pas la "clause de sauvegarde" utilisée par Macron comme prétexte à son revirement. Alors, peut-être que Macron était secrètement pour cet accord (c'est bien possible, vu ses opinions politiques) et qu'il a simplement attendu un peu avant de soutenir l'accord, espérant apaiser ainsi la colère des agriculteurs. Ou alors il a vraiment essayé de faire bouger le texte mais, n'étant pas suivi par les autres pays de l'UE et face à inéluctabilité de la mise en place de cet accord, il essaie simplement de tourner ça d'une manière positive.

Mais ce faisant, il crée une situation où la réalité du texte importe peu, seul compte le discours (changeant) du Président. Et pour en revenir à l'Ukraine, je remarque que ces derniers temps, l'Ukraine et les dirigeants européens se disent prêts à accepter un plan de cessez-le-feu sur les lignes actuelles, sans garanties de sécurité pour l'Ukraine, bref une copie du plan présenté en février dernier par les Américains et qui avaient alors indigné les Européens. Sauf si c'est une ruse pour se mettre Trump dans la poche (en comptant sur le fait que Poutine rejettera probablement ce plan), il faut croire que la position des Européens a changé à 180° sans raison valable.



Conclusion

Les hommes politiques ont toujours su s'arranger un peu avec la vérité. Le mensonge politique est sans doute aussi vieux que la politique elle-même. Mais dans l'ère de la post-vérité, on est au delà du simple mensonge: la réalité (quelle qu'elle soit) ne compte tout simplement plus. Un même homme politique peut dire tout et son contraire sur un même texte, une même proposition d'accord, sans que ce soit mentionné par les journalistes, toujours à la recherche de la petite phrase ou de l'instant-émotion qui fera le buzz. Tout n'est plus que communication pour un petit mode politico-médiatique qui tourne en rond, déconnecté de la réalité.

Poutine est tout autant sinon plus déconnecté de la réalité, mais il a au moins défini une stratégie et s'y tient: donner l'illusion qu'il "gagne" en Ukraine et attendre que les Occidentaux se découragent et que des politiciens pro-russes soient élus. Et cette stratégie, qui peut échouer si la Russie flanche d'abord (militairement et/ou économiquement), peut aussi très bien réussir: Trump le traître a été élu, la Slovaquie et la république tchèque ont maintenant des premiers ministres pro-russes, et en 2027, il se pourrait bien que ce soit la France qui bascule dans le fascisme pro-russe. Terrifiante perspective.

dimanche 19 octobre 2025

Les Russes combattant pour l'Ukraine

En 2022 et 2023, les Ukrainiens ont mis en avant, dans les média, certaines unités composées de Russes (et/ou Biélorusses) combattant pour l'Ukraine. Leur statut varie: certaines unités font partie de la "légion internationale", d'autres sont complètement indépendantes (et même, théoriquement, hors de l'armée ukrainienne). Ces unités (et leur position d'après UA Control map) sont notamment :

Ces unités avaient notamment fait parlé d'elles en mai 2023 quand elles avaient pénétré en Russie. Depuis, on n'entend plus trop parler d'elles. Pourquoi ?


Les Tchétchènes

Ce sont les premiers à avoir soutenu l'Ukraine, puisque certains Tchétchènes combattent pour l'Ukraine depuis 2014. Leur motivation est simple: prendre leur revanche contre les Russes, et contre Poutine en particulier, qui ont massacré les Tchétchènes durant les deux guerres de Tchétchénie (durant lesquelles plus d'un quart de la population tchétchène a péri). De plus, ils peuvent espérer que, si l'Ukraine gagne la guerre, la Russie sera suffisamment déstabilisée pour que les Tchétchènes puissent se débarrasser des mafieux Kadyrov alliés de Poutine qui dirigent actuellement la petite république. Il est à noter que l'Ukraine est le seul pays à reconnaître l'indépendance de la Tchétchénie "temporairement occupée par la Russie".

En 2022, ils ont participé à la défense de Kyiv, puis à la bataille de Bakhmut. Mais depuis la chute de Bakhmut, ils ne font plus guère parler d'eux. Fin 2022, on estimait qu'entre 1000 et 2000 Tchétchènes combattaient pour l'Ukraine (toutes unités confondues). Je n'ai pas trouvé d'estimation plus récentes, ni plus fiables. Cela reste juste du déclaratif. Il est possible que les combattants Tchétchènes soient bien moins nombreux maintenant.



Le corps des volontaires russes (RVC / RDK)

Cette formation, apparue en 2022, est constituée de nationalistes Russes opposés à Poutine. Son fondateur est même ouvertement néo-nazi. Leur motivation est moins claire que celle des Tchétchènes, mais ils partagent, avec la légion "Liberté de la Russie", l'idée de renverser un jour le régime de Poutine, et de mettre fin à l'impérialisme russe en rendant leur indépendance aux régions peuplées de minorités "non-ethniquement russes" affin d'avoir une Russie ethniquement pure. Oui, ils sont bien d'extrême droite. Il y a aussi, associé au RVC, des séparatistes venant de Carélie (une région voisine de la Finlande). La taille du corps est inconnue, mais est généralement estimée à quelques centaines de combattants. 

Le RVC a fait surtout parlé de lui en mai 2023 quand, dans une action commune avec la légion "Liberté de la Russie", ils ont pénétré en force en Russie, dans l'oblast de Belgorod, et ont rapidement progressé jusqu'à environ 10km de profondeur, avant de se retirer quelques jours plus tard. Ils ont également mené d'autres raids à la frontières russe, mais qui n'ont pas eu le même succès. 

En mars 2025, le groupe Carélien a participé à la prise d'une plate-forme pétrolière en mer noire. En août 2025, le Corps des volontaires russes a mené un assaut près d'Ivanivka. Reporting From Ukraine lui avait d'ailleurs consacré une de ses vidéos.



La légion "Liberté de la Russie"

Cette formation regroupe des opposants russes et est bien plus hétérogène politiquement que le groupe précédent, même si certains de ses membres sont aussi d'extrême-droite. Leurs motivations varient, comme on peut le constater dans ce reportage de 2024. EDIT: autre vidéo, très récente, sur des Russes de cette unité.

Le groupe revendique d'avoir 5 bataillons et certains estiment ses effectifs entre 500 et 2000 hommes. Mais vu leur relative discrétion sur le champ de bataille, je pense qu'ils sont plutôt dans le bas de cette fourchette.

Tout comme le groupe précédent, on a surtout parlé d'eux dans les médias lors de leurs attaques de 2023. Depuis, ils sont toujours présents mais moins actifs et/ou moins documentés par les médias. En mars 2025, un article affirmait que, en plus d'être une unité combattant sur la ligne de front, ils mènent aussi des opérations de sabotage dans les arrières russes. En juillet 2025, ils ont tendu une embuscade à des Kadirovites et frappé la logistique russe dans la région de Zaporijja.



Conclusion

Le nombre de Russes combattant pour l'Ukraine n'est pas connu précisément, mais on peut l'estimer, au mieux, à quelques milliers. La relative discrétion de ces unités après 2023 s'expliquent de plusieurs manières: d'abord, la faiblesse de leurs effectifs. L'allongement de la durée de la guerre, et l'absence d'une victoire rapide de l'Ukraine (qui permettait d'espérer faire tomber Poutine) ne doivent pas non plus aider à recruter plus de Russes désireux de renverser Poutine. L'échec de la rébellion de Prigojine n'incite pas les Russes à prendre les armes contre Poutine. Le discours médiatique, présentant constamment la Russie comme "victorieuse", n'aide pas non plus.

Ensuite, depuis août 2024, les forces ukrainiennes régulières ne se gênent plus pour attaquer directement le territoire russe, il n'y a donc plus besoin de ces groupes de Russes "indépendants" pour mener des opérations militaires terrestres sur le territoire russe, et ces combattants sont plus utiles pour des opérations discrètes sur les arrières russes (sabotage, etc) que pour tenir la ligne de front. 

De plus, je n'ai parlé ici que des unités constituées de volontaires russes. Mais de nombreuses unités ukrainiennes, comme la 3e brigade d'assaut, acceptent des combattants étrangers, et il se peut donc que certains Russes combattent au sein de ces unités. 

Cela dit, la faiblesse des effectifs nous amènent à la conclusion implacable: du fait de l'enrôlement forcé, de la propagande, des incitations financières et de la corruption, il y a hélas bien plus d'Ukrainiens combattant pour les Russes que de Russes combattant pour les Ukrainiens. Néanmoins, aussi peut nombreux qu'ils soient, ces Russes méritent tous notre respect. Tout comme les opposants à Poutine qui, s'ils ne sont pas sur le champ de bataille, n'en restent pas moins des voix qui portent et des meneurs qui aident l'Ukraine. Comme l'ancien champion du monde d'échecs, Gary Kasparov, ou Mikhail Kokoritch, dont l'entreprise fournit 10 000 drones par an à l'Ukraine. Certains comme Pavel Kushnir, l'on payé de leur vie.

lundi 6 octobre 2025

Guerre en Ukraine: bilan du mois de septembre 2025

Comme chaque mois, voici un petit bilan du mois de septembre 2025, à mettre en perspective avec les constats que j'avais faits fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2023 ainsi que fin janvier, fin février, fin mars, fin avril, fin mai, fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2024, et puis fin janvier, fin févrierfin marsfin avrilfin maifin juinfin juillet et fin août 2025.

Une fois de plus, les Russes ont continué leur grignotage des défenses ukrainiennes (notamment dans le sud et autour de Siversk), et menacent toujours d'encercler trois villes clefs de la ligne de défense ukrainienne: Kupyansk, Pokrovsk et Kostiantynivka. A Pokrovsk, les Ukrainiens ont contre-attaqué dans la zone où les Russes avaient percé le mois dernier. A Kostiantynivka, la situation est stable, tandis qu'elle est confuse à Kupyansk (les deux camps revendiquent des succès). De plus, les attaques aériennes ont continué, avec régulièrement des centaines de drones russes frappant les villes ukrainiennes pour y semer la terreur tandis que les Ukrainiens ont continué leurs attaques à longue distance sur les raffineries russes.

Contre-attaque ukrainienne au nord-est de Pokrovsk, carte (c) RFU News


Pertes russes et ukrainiennes

Je rappelle les pertes russes telles qu'annoncées par les officiels ukrainiens dans les 4 catégories à surveiller: artillerie, MLRS, DCA et équipements spéciaux. Pour chacune, je vais donner les moyennes pour la première année (mars 2022 à février 2023), la deuxième année (mars 2023 à février 2024) et la troisième année (mars 2024 à février 2025) puis les chiffres de mars, avril, mai, juin, juillet, août et septembre 2025.

  • Artillerie 
    • moyenne 1ere année: 190/mois
    • moyenne 2e année: 650/mois
    • moyenne 3e année: 1150/mois
    • 1690 (mars), 1554 (avril), 1384 (mai), 1243 (juin), 1193 (juillet), 1288 (août), 1112 (septembre)
  • MLRS
    • moyenne 1ere année: 40/mois
    • moyenne 2e année: 43/mois
    • moyenne 3e année: 25/mois
    • 44 (mars), 27 (avril), 26 (mai), 27 (juin), 24 (juillet), 25 (août), 29 (septembre)
  • DCA
    • moyenne 1ere année: 21/mois
    • moyenne 2e année: 37/mois
    • moyenne 3e année: 30/mois
    • 37 (mars), 23 (avril), 27 (mai), 17 (juin), 13 (juillet), 10 (août), 11 (septembre)
  • Équipements spéciaux
    • moyenne 1ere année: 19/mois
    • moyenne 2e année: 114/mois
    • moyenne 3e année: 181/mois
    • 24 (mars), 82 (avril), 33 (mai), 19 (juin), 14 (juillet), 17 (août), 27 (septembre)

Comparé au mois précédent, les chiffres sont relativement stables, avec une baisse des chiffres concernant l'artillerie. Plus généralement, comparé au mois d'août, il y a une nette baisse des pertes matérielles  (4 365) et une très légère baisse des pertes humaines (28 420), selon le comptage réalisé par l'analyste Ragnar Bjartur Gudmundsson. En ce qui concerne les pertes visuellement confirmées, selon Oryx on en est à un ratio de 1:1, avec 251 pertes russes et 234 pertes ukrainiennes. C'est le quatrième mois consécutif durant lequel les pertes ukrainiennes sont "normales" (autour de 200/mois) et les pertes russes (également autour de 200/mois) qui sont bien plus basses que les 500 pertes/mois habituelles en 2023-2024. Au point qu'il faut commencer à croire que ce ratio est la nouvelle "normale". Encore faut-il l'expliquer.

Comme je l'ai déjà dit maintes fois, cela signifie soit que les Ukrainiens ne publient tout simplement plus beaucoup de vidéos montrant les destructions qu'ils causent, peut-être délibérément avec l'intention de faire croire aux Russes qu'ils sont sur le point de gagner, soit, ce qui es plus probable, que les pertes matérielles russes ont beaucoup diminué.

Alors certes, on peut imaginer que cette diminution est due au fait que la Russie emploie de moins en moins de matériel militaire sur le front, remplacés par des véhicules civils qui ne sont pas comptabilisés par Oryx. Mais Andrew Perpetua, qui regarde l'ensemble des vidéos disponibles et répertorie l'ensemble des pertes des deux camps (civiles comme militaires) arrive lui aussi à un ratio proche de 1:1. 

Si le calcul de ce ratio est correct, cela signifie que les Ukrainiens sont très mal. Dans une guerre d'attrition, ce qui compte, ce n'est pas le terrain, mais la capacité de chacun des belligérants à générer plus de force que l'ennemi n'arrive à en détruire. Or, étant donné la disparité des capacités de recrutement des Russes et des Ukrainiens, il faut un rapport de perte de 2:1 en faveur des Ukrainiens pour maintenir juste l'équilibre dans cette guerre d'attrition. Un rapport de perte de 1,5:1 ou de 1:1 signifie que la Russie gagne la guerre d'attrition.

C'est d'autant plus mauvais que la Russie mène une offensive générale depuis pratiquement deux ans, et qu'on ne voit pas de signe de ralentissement. Logiquement, le rapport de perte devrait être favorable au défenseur (les Ukrainiens), surtout que ceux-ci ne manque pas de munitions en ce moment (contrairement au printemps 2024). De plus, un signe d'épuisement des Russes serait qu'ils ne parviennent  à conquérir que de moins en moins de territoire pour de plus en plus de pertes. L'inverse (qui est actuellement constaté par les données OSINT) est plutôt un signe d'épuisement progressif des Ukrainiens. La question est maintenant ce qu'ils peuvent faire pour renverser la tendance.


La "percée de Pokrovsk" contrée par les Ukrainiens

La "percée" de Pokrovsk qui avait fait coulé beaucoup d'encre le mois dernier, et avait fait dire à bien des experts que la Russie avait obtenu une supériorité tactique et/ou que le front Ukrainien allait s'effondrer (prophétie maintes fois énoncée, jamais réalisée) s'est transformé en cauchemar pour les Russes. Les Ukrainiens ont réussi à encercler des troupes russes dans de petites "poches" qui sont autant de pièges mortels pour les soldats de Poutine. Cette contre-attaque ukrainienne réussie amène à faire plusieurs observations:
  1. Les Ukrainiens ne sont sans doute pas autant "au bout du rouleau" que ce qui est dit et répété dans les grands médias occidentaux. Ils sont capables de prendre un avantage tactique local, ont encore un peu de réserves qu'ils ont su mobiliser intelligemment, et réussissent leurs contre-attaques bien mieux que les Russes
  2. Dans cette guerre, les véritables encerclements sont rares. Les Ukrainiens sont souvent "presque encerclés", et à l'automne 2024, quand l'avancée des Russes étaient la plus rapide, certains bataillons ont pu être coupés de leur arrière pendant quelques jours. Mais ils s'en sont toujours sorti en réussissant à évacuer la grande majorité de leurs soldats. A l'inverse, les Russes sont littéralement pris dans des poches pendant des semaines, et ne peuvent ni en sortir, ni recevoir de renforts. Cette différence montre à la fois que les Ukrainiens sont plus souples pour ordonner des retraits (même si cette souplesse est très relative), et que leur compétence tactique reste probablement bien supérieure à celle des Russes.
  3. Zelensky a annoncé que cette contre-attaque a reconquis plus de 300 km2 de terrain. DeepStateMap indique plutôt une surface reconquise entre 50 et 150 km2, selon le statut de la zone grise. Il est possible que Zelensky compte comme "reconquis" à la fois la zone grise et le terrain formé par ces poches russes encerclées. Pour donner quelques perspectives, cette superficie de 300 km2, à supposer qu'elle soit vraie, correspondrait à la moitié du terrain gagné lors de la "grand offensive de 2023", un quart du terrain gagné à Soudja en août 2024 (avant d'être lentement reperdu) ou 1% de ce que les contre-offensives de 2022 (en mars et à l'automne) avaient récupéré 
  4. 2025 est la première année sans grande offensive ukrainienne. Que ce soit en 2022, 2023 et 2024, ils avaient toujours mené des opérations offensives durant l'été et/ou l'automne. Pas cette année, à part de petites contre-attaques à Sumy et Pokrovsk. Est-ce un signe d'épuisement de l'armée ukrainienne ? Ou au contraire une stratégie défensive plus assumée ? Ou simplement la conséquence de la réorganisation de l'armée ukrainienne ? 
Olivier Kempf, toujours aussi négatif vis-à-vis des Ukrainiens, voit les choses différemment: "la situation du saillant reste très confuse. Cela fait sept semaines que les Ukrainiens tentent de le réduire." Si je ne partage pas l'avis de cet analyste qui ne voit que le verre à moitié vide, force est de constater que les contre-attaques ukrainiennes semblent impliquer un grand nombre d'unités disparates (souvent déplacées d'autres secteurs du front) et que les Ukrainiens sont peut-être passés tout proche de la défaite opérationnelle dans ce secteur et que leur rétablissement n'est pas encore acquis, même si la situation n'est probablement pas aussi mauvaise que le disent Kempf et autres analystes "pessimistes".

Les opérations terrestres n'apportant pour le moment aucun avantage décisif, Russes comme Ukrainiens se tournent vers ce que Michel Goya appelle "la guerre de corsaires". En particulier, chacun continue sa campagne aérienne, avec des objectifs distincts. Pour les Ukrainiens, il s'agit de frapper l'appareil productif russe et sa logistique: usines, chemins de fer, mais surtout les raffineries, dépôts pétroliers et oléoducs. Pour les Russes, il s'agit d'intimider et de démoraliser les populations civiles (européennes et ukrainiennes).


La Russie intimide l'Europe, qui proteste mollement

Car le principal événement, dans ce domaine, c'est l'escalade russe qui a envoyé drones et/ou avions dans l'espace aérien des pays de l'OTAN: pays baltes, Finlande, Pologne et Roumanie. Des drones non-identifiés (mais que l'on soupçonne fortement être russes) ont aussi survolé des installations militaires en France et en Allemagne, et ont paralysés plusieurs aéroports danois. Si le mode opératoire de ces survols de drones est inconnu (drones venant de Russie ? largués depuis des pétroliers de la flotte fantôme ? Ou d'équipes déjà sur place ? fausses alertes ?), il est néanmoins inquiétant. D'autant plus que les drones semblent échapper, pour la plupart, aux radars et autres forme de contrôle du trafic aérien.

La répétition fréquente de ces "incidents" ne laisse guère de place au doute: tout cela est planifié, voulu par Poutine. Dans quel but ? Il y a des buts évidents: intimidation, détournement d'attention pour forcer les Européens à se concentrer sur leur sécurité plutôt que d'aider l'Ukraine. D'autres pourraient être plus pernicieux: cartographier les défenses européennes et y déceler les faiblesses, "ébouillanter la grenouille" pour habituer les Européens à se faire survoler par les drones russes. Olivier Kempf, lui, penche pour l'intimidation dans un contexte de "négociations" forcées : « vous n’êtes pas prêts pour l’escalade, il est donc temps de tirer les conclusions de la situation internationale (fin du soutien américain) et militaire (difficultés ukrainiennes) et de ne plus pousser Kiev à poursuivre la guerre ». NB: comme d'habitude, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation de Kempf, mais je la mentionne car il se peut que les Russes raisonnent ainsi (et qu'ils se trompent lourdement).

Face à cette escalade, l'Europe agit peu. On n'ose pas abattre les drones (et on a parfois de bonnes raisons pour cela) , encore moins les avions russes. Par contre, on fait beaucoup de réunions. On a même convoqué des ambassadeurs russes, lorsque les Russes ont bombardé la représentation officielle de l'UE à Kyiv, c'est dire... Bon, je me moque mais la question n'est pas simple. C'est tout l'objet du billet de Michel Goya Le retour du rôdeur devant le seuil. On peut aussi lire l'analyse de Minna Alander. Je ne suis pas expert en géopolitique, je ne sais pas quelle est la meilleure réaction. En revanche, je constate que les Occidentaux sont toujours dans la réaction, et non dans l'action. Et c'est bien ça le problème. Tant qu'on laisse l'initiative à Poutine, tant qu'on a peur de l'escalade, Poutine escaladera. Je reviendrai dessus dans a conclusion: les Européens doivent définir et mener à bien un plan d'action, plutôt que de ce contenter de réagir. Faire planer sur la Russie une menace sérieuse. Par exemple se préparer à envahir Kaliningrad ou la Biélorussie, et proposer à Poutine: "tu arrêtes tes conneries en Ukraine, en échange on arrête nos plans pour virer Lukashenko et soutenir l'indépendance de la République Populaire de Königsberg."


Mais les principales attaques russes se concentrent sur l'Ukraine, où les Russes ont encore augmenté le volume de leurs frappes aériennes. Ils frappent de jour et de nuit, avec parfois plusieurs centaines de drones. Au mois de septembre, 5600 drones et 184 missiles ont été tirés sur l'Ukraine, avec pas moins de 6 nuits à plus de 400 drones et missiles tirés contre l'Ukraine:
  • 3 septembre: 502 drones + 24 missiles
  • 7 septembre: 805 drones + 8 missiles
  • 10 septembre: 415 drones + 43 missiles
  • 20 septembre: 579 drones + 40 missiles
  • 28 septembre: 593 drones + 50 missiles
Et même les nuits "ordinaires", il y a parfois plus de 100 drones et missiles. Ce sont des chiffres hallucinants (s'ils sont vrais: il n'est as exclu que les Ukrainiens exagèrent l'ampleur des attaques massives). L'initiative SkyShield est plus que jamais nécessaire. La pétition, hélas, stagne après avoir dépassé les 50 000 signatures.


Moscou brûle-t-il ?

De son côté, l'Ukraine vise principalement l'industrie pétrolière russe. Alors qu'en août, c'était principalement les raffineries qui étaient visées, en septembre il y a eu à la fois des attaques contre les raffineries, mais aussi les stations de pompage pour les oléoducs, des pétroliers et des quais de chargement. Ces attaques ont pour conséquence une pénurie d'essence pour une partie de la population civile, notamment en Crimée occupée. Les prix à la pompe ont augmenté de 40%, et ces destructions ont un impact économique, entre le prix des réparations et la baisse des revenus. La Russie a également étendu l'arrêt de ses exportations de d'essence raffinée jusqu'à fin 2025, et pourrait même devenir importatrice d'essence tout en continuant à exporter du pétrole brut.

Il y a beaucoup de choses à dire sur ces attaques, et je recommande l'analyse de Philips P. O'Brien (qui cite celle de la BBC) ainsi que celle de Perun, comme toujours une des plus complètes et très pertinente. Parmi les principaux points à retenir:
  • ces attaques sont différentes de celles de 2024, qui visaient surtout les réservoirs de carburant; cette fois-ci, ce sont les tours de raffinages, bien plus vitales au fonctionnement des raffineries, qui sont visées
  • ces attaques sont systématiques: toutes les raffineries situées à moins de 1400 km de l'Ukraine et produisant plus de 3 millions de tonnes/an ont été touchées au moins une fois. La dernière grosse raffinerie qui était encore intacte fin septembre, celle de Yaroslavl, a été incendiée le 1er octobre.
  • on estime que la capacité de raffinage de la Russie a baissé, entre 17% et 38% selon les sources. Sachant qu'auparavant, la Russie raffinait environ 25% de plus que ce dont elle avait besoin, cela signifie qu'il se peut qu'elle soit maintenant un peu en déficit (d'où les importations d'essence envisagées)
  • si on constate déjà des conséquences néfastes pour les Russes (problème de ravitaillement), les Ukrainiens doivent frapper encore et encore ces raffineries pour produire des effets durables et stratégiques; c'est un point que je surveillerai dans mes prochains bilans mensuels 
  • on n'a pas toujours le détail des frappes ukrainiennes, mais les quelques vidéos montrant des arrivées de drones Antonov An-196 "Liutyi". Rien n'indique que les armes produites par Firepoint (drones FP-1 et missiles FP-5 Flamingo) sont utilisées lors de ces attaques, malgré toute la communication autour de ces armes. Peut-être que les accusations de corruption contre cette société ont un fond de vérité... A moins qu'ils ne les réservent pour d'autres cibles.
Ce dernier point pose alors une question: si l'Ukraine emploie, pour cette campagne aérienne, des drones opérationnels depuis fin 2024, et que ces frappes produisent un effet significatif sur l'économie russe, pourquoi n'avoir pas commencé cette campagne plus tôt ? En fait, l'historique de ces frappes témoigne peut-être de pressions américaines.



Ce graphique de la BBC montre que la campagne a commencé début 2024, mais avait été réduite d'intensité au moment où Biden craignait que ces attaques ne fassent monter le prix du pétrole (handicapant pour sa campagne présidentielle). Hélas, Trump a été élu et, début 2025, les Ukrainiens ont attaqué de nouveau intensément les raffineries. En mars, Trump et Zelensky ont passé un accord, peut-être que celui-ci comportait secrètement une interdiction d'attaquer les raffineries russes. Quand Trump a révélé sa duplicité début août, les Ukrainiens y sont allé à fond. Cette explication est spéculative, mais il est frappant de voir la coïncidence entre les variations du nombre de ces attaques et les accords (ou non) signés par Zelensky avec Trump et Biden.


Impasses diplomatiques et stratégiques

Après un mois d'août qui a vu Donald Trump embrasser littéralement la cause de Poutine, après les journalistes parlant des heures des "conditions de paix" et d'une fin prochaine de la guerre, tout cela est complètement oublié. Poutine a refusé les conditions offertes par Trump (pourtant archi-favorables aux Russes), et ce dernier est passé à autre chose: la transformation des USA en une dictature fasciste, transformation accélérée suite à l'assassinat du propagandiste d'extrême-droite Charlie Kirk.

Donc pas de sanctions supplémentaire, plus d'aide américaine (mais ceux-ci acceptent de vendre certaines armes à l'Ukraine), bref l'Europe est censée se débrouiller toute seule, ce qu'elle a bien du mal à faire faute de volonté politique. Les "négociations" sont au point mort, ce qui ne surprendra pas les lecteurs de ce blog. S'il y a de nombreux signes de faiblesse dans l'économie russe, parier sur un effondrement de celle-ci est risqué, surtout si Poutine dispose d'un soutient discret mais efficace (et très intéressé) de la Chine. Pour ce que l'on en sait, la Russie ne sera stoppée que militairement. Face à ce constat, peut-on dire que les Européens et/ou les Ukrainiens savent ce qu'ils doivent faire pour gagner ? Hélas, la réponse est clairement non pour les premiers, et probablement non pour les seconds.

Pour les Européens, c'est simple: ils sont incapables ne serait-ce que formuler ce qu'ils veulent, encore moins de se mettre d'accord sur une stratégie commune et, par conséquent, ils sont incapables de mettre en oeuvre cette stratégie. Tout juste sont-ils capables de formuler ce qu'ils ne veulent pas:
  • ils ne veulent pas que l'Ukraine perde la guerre
  • ils ne veulent pas que Trump les abandonnent
  • ils ne veulent pas d'une escalade avec la Russie 
Malheureusement pour eux, ils n'ont quasiment aucun contrôle sur tout cela. Ces trois points sont hérités de leur stratégie précédente (élaborée et probablement imposée par Biden), qui consistait à ralentir suffisamment la progression russe et attendre que Poutine finisse par comprendre que cette invasion n'est économiquement pas rentable pour lui et qu'il négocie la fin du conflit. Alors certes, cette stratégie n'a jamais été publiquement exprimée ainsi, mais quand on voit les actes des occidentaux jusqu'en novembre 2024, ça colle parfaitement avec cette stratégie, qui a lamentablement échoué avec l'élection de Trump. Et, après avoir passé les 10 premiers mois de 2024 à espérer que Trump ne sera pas élu (raté) puis les 3 mois suivants à espérer qu'il ne serait pas aussi cinglé qu'annoncé (encore raté) puis à jurer qu'ils n'abandonneront jamais l'Ukraine (sans s'en donner les moyens), les Européens en sont maintenant à espérer que Poutine ne les attaquera pas tout de suite (ce qui promet d'être aussi raté que tout ce qui précède).

Pour les Ukrainiens, ce n'est guère mieux. Ils ont un peu plus d'excuses que les Européens car il y a bien plus de contraintes auxquelles ils doivent faire face, entre une guerre sur leur sol et un soutien occidental insuffisant. Mais ils n'ont résolu aucun des problèmes internes: problème de commandement, corruption, production d'armes insuffisante, problèmes de recrutement. La réforme corps/brigade, annoncée il y a près d'un an, se fait trop lentement et en dépit du bon sens, probablement car de hauts gradés (le général Sirsky lui-même ?) font tout pour mettre des bâtons dans les roues. Il est à noter que Sirsky a récemment remplacé les commandants de deux des premiers corps "opérationnels", officiellement pour leurs mauvais résultats, mais on peut se demander si ces deux corps n'ont pas été délibérément privés des ressources nécessaires pour assurer la défense de leur secteurs.

En face, la situation stratégique de Poutine est à peine moins bloquée. Son plan est de projeter une image de "victoire" en Ukraine (même si sur le terrain, son armée est toujours embourbée ) et d'attendre que les élections portent au pouvoir des partis pro-russes, comme ce qui vient d'arriver en république Tchèque. Mais ce plan est long, très long, et vu les dégâts que causent les frappes ukrainiennes l'économie russe pourrait très bien flancher avant le soutien occidental.




La promesse de l'ombre

Dans les "arguments" de Poutine pour justifier sa guerre en Ukraine, et plus généralement sa guerre hybride contre l'occident ...