En 2022 et 2023, les Ukrainiens ont mis en avant, dans les média, certaines unités composées de Russes (et/ou Biélorusses) combattant pour l'Ukraine. Leur statut varie: certaines unités font partie de la "légion internationale", d'autres sont complètement indépendantes (et même, théoriquement, hors de l'armée ukrainienne). Ces unités (et leur position d'après UA Control map) sont notamment :
- le régiment Kastous Kalinowksi (Biélorusses) : Orikhiv
- le corps des volontaires Biélorusses: Kupyansk
- le corps des volontaires Russes : Ivanivka
- la légion Liberté de la Russie : ???
- le bataillon Djokhar Doudaïev (Tchétchènes) : Sumy
- le bataillon Cheik Mansour (Tchétchènes) : ???
- le bataillon OBON (Tchétchènes, forces spéciales) : ???
Les Tchétchènes
Ce sont les premiers à avoir soutenu l'Ukraine, puisque certains Tchétchènes combattent pour l'Ukraine depuis 2014. Leur motivation est simple: prendre leur revanche contre les Russes, et contre Poutine en particulier, qui ont massacré les Tchétchènes durant les deux guerres de Tchétchénie (durant lesquelles plus d'un quart de la population tchétchène a péri). De plus, ils peuvent espérer que, si l'Ukraine gagne la guerre, la Russie sera suffisamment déstabilisée pour que les Tchétchènes puissent se débarrasser des mafieux Kadyrov alliés de Poutine qui dirigent actuellement la petite république. Il est à noter que l'Ukraine est le seul pays à reconnaître l'indépendance de la Tchétchénie "temporairement occupée par la Russie".
En 2022, ils ont participé à la défense de Kyiv, puis à la bataille de Bakhmut. Mais depuis la chute de Bakhmut, ils ne font plus guère parler d'eux. Fin 2022, on estimait qu'entre 1000 et 2000 Tchétchènes combattaient pour l'Ukraine (toutes unités confondues). Je n'ai pas trouvé d'estimation plus récentes, ni plus fiable. Cela reste juste du déclaratif. Il est possible que les combattants Tchétchènes soient bien moins nombreux maintenant.
Le corps des volontaires russes (RVC / RDK)
Cette formation, apparue en 2022, est constituée de nationalistes Russes opposés à Poutine. Son fondateur est même ouvertement néo-nazi. Leur motivation est moins claire que celle des Tchétchènes, mais ils partagent, avec la légion "Liberté de la Russie", l'idée de renverser un jour le régime de Poutine, et de mettre fin à l'impérialisme russe en rendant leur indépendance aux régions peuplées de minorités "non-ethniquement russe" affin d'avoir une Russie ethniquement pure. Oui, ils sont bien d'extrême droite. Il y a aussi, associé au RVC, des séparatistes venant de Carélie (une région voisine de la Finlande). La taille du corps est inconnue, mais est généralement estimée à quelques centaines de combattants.
Le RVC a fait surtout parlé de lui en mai 2023 quand, dans une action commune avec la légion "Liberté de la Russie", ils ont pénétré en force en Russie, dans l'oblast de Belgorod, et ont rapidement progressé jusqu'à environ 10km de profondeur, avant de se retirer quelques jours plus tard. Ils ont également mené d'autres raids à la frontières russe, mais qui n'ont pas eu le même succès.
En mars 2025, le groupe Carélien a participé à la prise d'une plate-forme pétrolière en mer noire. En août 2025, le Corps des volontaires russes a mené un assaut près d'Ivanivka. Reporting From Ukraine lui avait d'ailleurs consacré une de ses vidéos.
La légion "Liberté de la Russie"
Cette formation regroupe des opposants russes qui est bien plus hétérogène politiquement que le groupe précédent, même si certains de ses membres sont aussi d'extrême-droite. Leurs motivations varient, comme on peut le constater dans ce reportage de 2024.
Le groupe revendique d'avoir 5 bataillons et certains estiment ses effectifs entre 500 et 2000 hommes. Mais vu leur relative discrétion sur le champ de bataille, je pense qu'ils sont plutôt dans le bas de cette fourchette.
Tout comme le groupe précédent, on a surtout parlé d'eux dans les médias lors de leurs attaques de 2023. Depuis, ils sont toujours présents mais moins actifs et/ou moins documentés par les médias. En mars 2025, un article affirmait que, en plus d'être une unité combattant sur la ligne de front, ils mènent aussi des opérations de sabotage dans les arrières russes. En juillet 2025, ils ont tendu une embuscade à des Kadirovites et frappé la logistique russe dans la région de Zaporijja.
Conclusion
Le nombre de Russes combattant pour l'Ukraine n'est pas connu précisément, mais on peut l'estimer, au mieux, à quelques milliers. La relative discrétion de ces unités après 2023 s'expliquent de plusieurs manières: d'abord, la faiblesse de leurs effectifs. L'allongement de la durée de la guerre, et l'absence d'une victoire rapide de l'Ukraine (qui permettait d'espérer faire tomber Poutine) ne doivent pas non plus aider à recruter plus de Russes désireux de renverser Poutine. L'échec de la rébellion de Prigojine n'incite pas les Russes à prendre les armes contre Poutine. Le discours médiatique, présentant constamment la Russie comme "victorieuse", n'aide pas non plus.
Ensuite, depuis août 2024, les forces ukrainiennes régulières ne se gênent plus pour attaquer directement le territoire russe, il n'y a donc plus besoin de ces groupes de Russes "indépendants" pour mener des opérations militaires terrestres sur le territoire russe, et ces combattants sont plus utiles pour des opérations discrètes sur les arrières russes (sabotage, etc) que pour tenir la ligne de front.
De plus, je n'ai parlé ici que des unités constituées de volontaires russes. Mais de nombreuses unités ukrainiennes, comme la 3e brigade d'assaut, acceptent des combattants étrangers, et il se peut donc que certains Russes combattent au sein de ces unités.
Cela dit, la faiblesse des effectifs nous amènent à la conclusion implacable: du fait de l'enrôlement forcé, de la propagande, des incitations financières et de la corruption, il y a hélas bien plus d'Ukrainiens combattant pour les Russes que de Russes combattant pour les Ukrainiens. Néanmoins, aussi peut nombreux qu'ils soient, ces Russes méritent tous notre respect. Tout comme les opposants à Poutine qui, s'ils ne sont pas sur le champ de bataille, n'en restent pas moins des voix qui portent et des meneurs qui aident l'Ukraine. Comme l'ancien champion du monde d'échecs, Gary Kasparov, ou Mikhail Kokoritch, dont l'entreprise fournit 10 000 drones par ans à l'Ukraine. Certains comme Pavel Kushnir, l'on payé de leur vie.
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