mardi 22 juillet 2025

La Russie fait-elle exprès de perdre la guerre ?

La guerre d'agression que la Russie mène en Ukraine depuis plus de trois ans n'est pas une réussite. C'est même un échec cuisant, malgré ce que clament les trolls russes. Perdre des dizaines de milliers d'hommes pour capturer les ruines de quelques villages dans le Donbas, ce n'est pas la preuve d'une réussite, c'est l'aveu d'un échec. On voit de plus en plus, côté russe, des assauts menés avec du matériel civil, le ravitaillement assuré par des ânes ou bien encore des blessés en béquilles comme "troupe de choc". Et c'est sans compter la pertes d'équipements militaires irremplaçables comme le croiseur Moskva, les AWACS A-50U ou les bombardiers stratégiques Tu-22M et Tu-95M.

Mais, malgré tout, la Russie avance et grignote les défenses ukrainiennes. Certes, à un rythme d'escargot asthmatique, mais progressivement leurs gains cumulés deviennent non négligeables, surtout quand on les compare avec ceux de la "grande contre-offensive ukrainienne" de 2023. Cette progression est trop lente pour qu'on la considère comme un succès, mais trop continue pour qu'on la considère comme un échec. Et surtout, si la Russie disposait d'un avantage militaire incontestable, les gains (modestes au départ) devraient augmenter de manière exponentielle, or ce n'est pas ce qu'on observe. 

Il y a deux mois, j'ai déjà exploré l'idée que l'Ukraine fait exprès de laisser la Russie avancer de manière plus ou moins contrôlée, je voudrais maintenant explorer le scénario inverse: et si c'étaient les Russes qui ralentissent volontairement leurs avancées ?



Hypothèses

Disons-le tout de suite, comme le scénario inverse, celui-ci ne passe pas non plus le rasoir de Hanlon: il est bien plus probable que les difficultés russes soient réelles et que, s'ils avaient la possibilité de progresser plus vite, ils le feraient. Mais, aussi improbable soit-il, examinons ce scénario et supposons qu'effectivement, les Russes pourraient avancer plus vite, mais choisissent de ne pas le faire pour une raison que je vais expliquer plus bas.

Pour que les Russes soient effectivement capables d'avancer bien plus vite qu'actuellement, on doit supposer que:

  1. l'économie russe tient malgré les sanctions: il est difficile de connaitre l'état actuel de l'économie russe, en particulier car Poutine a classé tous les indicateurs comme "secret défense", aussi les analystes varient de "la Russie est au bord du gouffre" jusqu'à "la Russie ne s'est jamais mieux portée"; dans le cadre de ce scénario, on va supposer que c'est plutôt le second groupe qui a raison
  2. la production d'armes (missiles, drones) russes est bien celle indiqués par les services de renseignement ukrainiens, et a donc fortement augmenté depuis 2022 
  3. les pertes russes sont proches des chiffres d'Oryx (disons entre 1,3 et 1,5 fois les chiffres d'Oryx) et donc que les chiffres donnés par les Ukrainiens sont fantaisistes
  4. la situation des Ukrainiens est aussi mauvaise que présentée dans les journaux occidentaux (ils seraient au bord de l'effondrement militaire depuis plus d'un an)

Ces quatre hypothèses, prises ensemble, sont peu probables, mais je vais supposer ici qu'elles sont vraies pour étudier ce scénario



Pourquoi la Russie voudrait-elle "perdre la guerre" ?

On pourrait penser que la Russie n'a aucun intérêt à rester embourbée en Ukraine. En effet, les micro-avancées sont très coûteuses en hommes comme en matériel, l'été 2025 pourrait être le plus meurtrier de la guerre pour les Russes.

Mais le but de la guerre de Poutine, ce n'est pas de s'emparer des 5 oblasts ukrainiens qu'il a illégalement déclaré comme russes. C'est de soumettre toute l'Ukraine. Et même toute l'Ukraine n'est qu'une étape dans la folie des grandeurs de Poutine, qui rêve de reconstituer le territoire de l'URSS et de vassaliser au moins la moitié de l'Europe. 

C'est pourquoi Poutine prépare déjà une offensive sur l'Europe, qu'il compte mener dès qu'il le pourra. C'est-à-dire, quelques mois, au pire quelques années après la guerre en Ukraine. Et peut-être même avant la fin de cette guerre. A bien des égards, la guerre en Ukraine n'est qu'un terrain d'entrainement, notamment pour les armes qui ont changé quelques fondamentaux de la guerre au XXIe siècle : les drones. Produits en masse à un coût relativement faible, ils offrent à la Russie l'opportunité de saturer les défenses adverses et de mettre hors combat de l'équipement militaire onéreux mais peu nombreux, dont les forces de l'OTAN sont équipées.

Cette révolution des drones ne donne à la Russie qu'un avantage temporaire (le temps que les autres pays rattrapent leur retard), et ne lui permettra probablement pas de marcher sur Paris, ni même sur Berlin. Mais pour envahir les pays baltes ? Ou une partie de la Finlande ? Genre: "j'avance, je terrorise, et je menace de l'arme nucléaire si on cherche à me déloger" ? Ces coups pourraient être suffisants pour disloquer l'OTAN et l'UE, affaiblissant considérablement les pays européens s'ils se montrent incapables de s'unir pour faire face à l'agression russe.

On va donc examiner le scénario suivant : et si Poutine, après avoir considérablement augmenté sa production militaire, choisissait de n'employer en Ukraine que le minimum pour continuer d'avancer, tout en consacrant le reste à préparer une prochaine guerre contre certains pays de l'OTAN ?



Des préparatifs déjà en cours

Ce qui donne du crédit à ce scénario, ce sont d'abord les préparatifs russes aux frontières de la Finlande et des pays baltes. Ainsi, ils ont construit une nouvelle base militaire, de la taille d'une petite ville, et d'autres infrastructures. Il y a aussi les menaces contre les pays baltes, dont ils veulent annuler la reconnaissance de l'indépendance. Autant de préparatifs "légaux" à une future invasion de ces pays, toujours sous le prétexte de "protéger les populations russophones", et qui pourrait commencer par une attaque sur le corridor Suwalki.

Pour le moment, ces préparatifs relèvent surtout de l'intimidation, tout comme leurs multiples menaces nucléaires, avec peut-être l'espoir (pour les Russes) de forcer ces pays à diminuer leur soutien à l'Ukraine pour se concentrer sur leur défense nationale. Mais, comme on l'a vu en 2022, les manœuvres d'intimidation de Poutine peuvent rapidement se transformer en manœuvres d'invasion.



Où sont les blindés russes ?

Depuis quelques mois, les Russes mènent de moins en moins d'assauts mécanisés. Leurs tanks se font rares sur la ligne de front. On pourrait croire que c'est parce qu'ils manquent de tanks et de véhicules blindés. C'est ce que semblent indiquer les photos satellites de leurs dépôts de matériel, qui se sont bien vidés et ne contiennent probablement plus que des épaves irrécupérables ou presque.

Mais la Russie produit de nouveaux tanks et véhicules blindés. Pour les tanks, le seul modèle réellement nouveau est le T-90M; les autres modèles sont des modernisations de tanks déjà existants, et sont donc contraints par l'état des réserves. Or, il semble que la Russie a bien augmenté sa production de T-90M, qui pourrait atteindre 300 tanks/an. Comme la Russie a épuisé ses stocks de modèles plus anciens, notamment les T-72,  la proportion de T-90M devrait augmenter, et donc leurs pertes aussi.

Or, il n'en est rien, les T-90 ne représentant toujours qu'une faible part des pertes russes (5-10%). L'explication est soit que la production est bien moindre que ce que les sources nous annoncent, soit que les T-90M produits ne sont, pour leur majorité, pas envoyés en Ukraine. Dans ce cas, où sont-ils ? 

Dans notre scénario, Poutine accumule ces blindés pour sa future invasion des pays de l'OTAN. Pourtant, les bases militaires russes sont elles aussi très vides. Se pourrait-il que tout cela  ne soit qu'une vaste ruse des Russes qui arrivent à dissimuler des centaines de blindés dans des endroits inconnus des Occidentaux ? Il parait peu probable que ces 450 à 500 T-90M (différence entre les tanks produits et ceux dont la perte est visuellement confirmée) puissent ainsi échapper à la surveillance satellite, mais ce n'est pas impossible.



Gagner de l'expérience

De l'aveu des Russes eux-mêmes, les "troupes de chocs" envoyées à l'assaut des positions ukrainiennes ne font pas long feu. Mais il semble que les Russes emploient depuis 2023 des tactiques consistant à envoyer à l'abattoir des troupes sacrifiables, en très grand nombre, pour saturer et affaiblir les défenses ukrainiennes. Une fois les Ukrainiens affaiblis et/ou à court de munitions, les Russes envoient leurs troupes d'élite pour conquérir le terrain. C'est une tactique d'abord employée par le groupe Wagner, qui était composé de mercenaires expérimentés (environ 10 000) et de recrues trouvées dans les prisons russes (environ 40 000). Ces derniers ont eux un taux de pertes effroyable (le groupe Wagner a eu plus de 20 000 morts), mais l'objectif fixé a été atteint : Bakhmut a été prise.

Depuis, le reste de l'armée russe a repris cette tactique, et si les pertes humaines sont effroyables, cela permet à l'armée russe de continuer sa progression. Surtout, ce genre de tactique permet aux troupes d'élites de minimiser leurs pertes, l'essentiel de celles-ci étant subies par les troupes "sacrifiables". Et donc, les troupes d'élites peuvent gagner de l'expérience avec chaque combat.

Il y a également un autre groupe qui peut accumuler de l'expérience : les opérateurs de drones. Il semble que les Russes ont un programme pour augmenter l'expérience de leurs opérateurs de drones, les envoyant d'abord à Kherson se "faire la main" en tuant des civils dans d'horribles "safari humains" avant de les envoyer ensuite vers d'autres secteurs pour soutenir les offensives russes.

Cette stratégie semble porter ses fruits. Un groupe de dronistes russes, Rubicon, a causé de nombreuses pertes aux Ukrainiens dans le saillant de Soudja, et opèrent maintenant du côté de Pokrovsk. On sait peu de choses sur ce groupe, à part qu'ils publient beaucoup de vidéos montrant des pertes ukrainiennes. Et témoignent ainsi de l'expérience accumulée par certains opérateurs de drones russes.

Dès lors, on peut très bien imaginer que les Russes, en quelque sorte, trouvent un avantage à prolonger le conflit: cela leur permet de former des unités spécialisées et expérimentées. Et peu leur importe s'il faut chaque jour payer un fort "prix du sang", car il est payé par la "chair-à-canon" dont Poutine se contrefiche.



La guerre éternelle

En mars-avril 2025, pour expliquer pourquoi Poutine a refusé les termes de la "paix" proposée par le traître Trump, termes qui sont très favorables aux Russes et très défavorables aux Ukrainiens, plusieurs analystes ont avancé l'idée que la Russie ne peut tout simplement pas se permettre d'arrêter la guerre. Plusieurs arguments sont avancés pour défendre cette thèse:

  1. l'économie russe, tournée vers la guerre, s'effondrerait si celle-ci se termine
  2. Poutine ne tient pas à ce que des centaines de milliers de vétérans, pour certains très dangereux, reviennent à la vie civile, ce qui en Russie rappelle l'histoire du capitaine Kopeikin.
  3. La guerre permet à Poutine de réprimer ses opposants et de bâtir une cohésion nationale.

Personnellement, je trouve le premier argument incertain (trop de choses qu'on ignore sur l'économie russe) et les deux autres sous-estiment probablement la solidité du pouvoir de Poutine. Mais ce ne sont pas des arguments absurdes: ils sont, pour autant que je le sache, peut-être vrais, ou du moins suffisamment plausibles pour que les dirigeants russes en tiennent compte lors de leur décision de continuer la guerre. A noter que le premier argument n'est pas en contradiction avec l'hypothèse que j'ai faite: l'économie russe pourrait à la fois bien se porter actuellement ET s'effondrer si la paix est signée.

Quoi qu'il en soit, au moins dans leur rhétorique, les dirigeants russes comptent sur une guerre très longue et n'envisagent pas un retour à la paix avant longtemps. Mais, d'un autre côté, il y a de très sérieux doutes en la capacité des Russes à pouvoir mener cette "guerre éternelle".



Conclusion

Cela fait 3 ans que les trolls russes fantasment sur la puissance de l'armée russe tiennent des discours du genre "si la Russie le voulait vraiment, elle balaierait l'Ukraine en trois jours". Ce ne sont que des foutaises. La Russie a engagé tout ce qu'elle pouvait en Ukraine, et s'est cassé les dents. De rares forces  n'ont pas été engagées, non à cause de la "modération" du pouvoir russe, mais par l'impossibilité matérielle d'employer ces moyens (la Marine hors flotte de la mer noire) et/ou par le coût politique que cela représenterait (les forces de dissuasion nucléaires, les conscrits etc), coût que Poutine n'est pas encore disposé à payer. 

Comme l'a montré la rébellion de Prigojjine, il n'y a pas d'armée russe en réserve prête à tout balayer. Ou du moins, il n'y en avait pas en 2023. Deux ans plus tard, il est peu probable, mais pas impossible, que la Russie accumule lentement mais sûrement une force capable d'affronter une partie des pays de l'OTAN, et ce très prochainement. Le général Grynkevich, chef militaire de l'OTAN, pense que ça pourrait même arriver en 2027

Et, dans cette optique, le pouvoir russe a tout intérêt à faire traîner la guerre en Ukraine (jusqu'à ce qu'il soit prêt à frapper l'OTAN) et donc à faire croire qu'il est en train de "perdre la guerre". Non pour tromper les généraux occidentaux (qui, contrairement à 2022, prennent maintenant au sérieux la menace russe), mais pour tromper les opinions publiques. Combien de fois avons-nous vu, dans les commentaires d'un article de journal sur la menace russe, des trolls disant "on nous dit qu'ils sont embourbés en Ukraine et qu'ils représentent une menace pour l'OTAN ? c'est illogique" Le scénario que j'ai présenté montre que, logiquement, les deux énoncés peuvent être vrais.

Si je crois ce scénario peu probable, c'est parce que les hypothèses que l'on doit faire sont peu probables. Mais, même peu probable, il faut faire en sorte de s'y préparer, selon le bon vieux principe: "espérer le meilleur, mais se préparer au pire". 

Comment s'y préparer ? D'abord, en armant massivement l'Ukraine. Plus les Ukrainiens démolissent l'armée russe, moins le scénario d'une attaque contre l'OTAN est probable. Ensuite, en menaçant les Russes à leur tour, par exemple de prendre immédiatement l'enclave de Kaliningrad si la Russie envahit le moindre bout de territoire d'un pays de l'OTAN. Et surtout, d'avoir les moyens militaire et la volonté politique d'exécuter cette menace si les Russes attaquent. Enfin, en contrant la "guerre hybride" que mène la Russie: arrestation des saboteurs russes, fermeture des frontières, confiscation des avoirs russes, et surtout contrer tous ceux qui se font le relais de la propagande russe (par exemple en les frappant d'indignité nationale pour les plus influents d'entre eux).



jeudi 10 juillet 2025

Les corps d'armée ukrainiens (1)

EDIT: changement de titre, car j'ai décidé d'en faire une série d'article. Cf le second article de la série.

En 2023, l'armée ukrainienne avait créé les 9e et 10e corps d'armée pour sa fameuse contre-offensive. Début 2024, je questionnais l'utilité de ces deux unités et plus généralement, je m'interrogeais sur la structure de commandement ukrainien.  En novembre 2024, l'armée Ukrainienne avait annoncé sa volonté de passer à un système corps/brigade, avec la mise en place progressive de nouveaux corps d'armée en février 2025, chacun étant centré sur une brigade "principale". 

Six mois plus tard, où en est cette réforme ? En m'appuyant principalement sur les informations du site militaryland.net, et ua control map pour le positionnement des unités, voici une synthèse de ce que l'on sait sur ces corps d'armée.

Pour chaque corps, je vais indiquer:

  • Sa composition. La brigade principale, quand elle est connue, est en gras.
  • La localisation de chacune de ses brigades / régiments (je laisse de côté les bataillons / compagnies)
  • Son appartenance: si le corps est rattaché à la garde nationale, aux forces aéroportées (que je nomme "parachutistes", même si ce n'est pas leur nom ukrainien, et de toute façon ce sont des unités d'infanterie mécanisées) ou de marine. Sinon, pas d'indication particulière. Pour les unités, GN = garde nationale et DT = défense territoriale.
Pour la localisation, je découpe ainsi le front en 9 secteurs d'environ 150km de large (du nord au sud): Sumy, Kharkiv, Kupyansk, Lyman (inclus Siversk), Kostiantynivka (inclus Chassiv Yar et Toretsk), Pokrovsk, Ivanivka (au nord-ouest de Grand Novosilka), Orikhiv, Kherson

En fonction de ces informations, le nom de chaque corps est coloré ainsi:
  • gris: aucune information 
  • orange: le corps existe mais est dispersé
  • vert: le corps existe et est regroupé dans un même secteur ou dans deux secteurs adjacents


1er corps (garde nationale)

  • 12e brigade GN 'Azov' Kostiantynivka
  • 1ere brigade GN 'Bureyiv' : Kupyansk
  • 14e brigade GN 'Chervona Kalyna' : Pokrovsk
  • 15e brigade GN 'Kara-Dag' : Kupyansk
  • 20e brigade GN 'Lyubart' : Kostiantynivka


2e corps (garde nationale)

  • 13e brigade GN 'Khartia' : Kharkiv
  • 3e brigade GN 'Spartan' : Pokrovsk
  • 4e brigade GN 'Rubizh' : Lyman
  • 17e brigade GN 'Raid' : Ivanivka
  • 18e brigade GN 'Slovyansk' : Kostiantynivka


3e corps

  • 3e brigade d'assaut : Lyman
  • 60e brigade mécanisée : Lyman
  • régiment spécial 'Kraken' : Orikhiv


7e corps (parachutistes)

  • 25e brigade de parachutistes : Pokrovsk
  • 77e brigade de parachutistes : Kupyansk
  • 78e régiment de parachutistes : Sumy
  • 79e brigade de parachutistes : Sumy
  • 81e brigade de parachutistes : Lyman


8e corps (parachutistes)

  • 46e brigade de parachutistes : Ivanivka
  • 71e brigade de chasseurs : Sumy
  • 80e brigade de parachutistes : Sumy
  • 82e brigade de parachutistes : Pokrovsk
  • 95e brigade de parachutistes : Sumy
  • 148e brigade d'artillerie : Ivanivka


9e corps

  • 4e brigade blindée : Lyman / Kupyansk
  • 5e brigade fortement mécanisée : Ivanivka
  • 32e brigade mécanisée : Pokrovsk
  • 47e brigade mécanisée : Sumy
  • 47e brigade d'artillerie : Pokrovsk
  • 67e brigade mécanisée : Pokrovsk
  • 100e brigade mécanisée : Kostiantynivka
  • 142e brigade mécanisée : Pokrovsk
  • 153e brigade mécanisée : Pokrovsk


10e corps

  • 48e brigade d'artillerie : Ivanivka
  • 115e brigade mécanisée : Lyman
  • 116e brigade mécanisée : Sumy
  • 117e brigade fortement mécanisée : Kostiantynivka


11e corps

  • 45e brigade d'artillerie : Lyman
  • 61e brigade mécanisée : Ivanivka
  • 63e brigade mécanisée : Lyman


12e corps

  • brigade présidentielle : Kostiantynivka
  • 19e brigade GN : Kyiv 
  • 25e brigade GN : Pokrovsk
  • 27e brigade GN : Sumy
  • 28e régiment GN :  ?
  • 31e régiment GN : Kupyansk
  • 41e brigade mécanisée : Sumy
  • 112e brigade DT : Kupyansk
  • 118e brigade DT : Orikhiv
  • 120e brigade DT : Ivanivka


14e corps

Aucune information


15e corps

Aucune information


16e corps

  • 92e brigade d'assaut: Kharkiv
  • 3e brigade blindée : Kupyansk
  • 42e brigade mécanisée : Kupyansk
  • 57e brigade motorisée : Kharkiv
  • 58e brigade motorisée : Kharkiv
  • 113e brigade DT : Kharkiv


17e corps

  • 65e brigade mécanisée : Orikhiv
  • 44e brigade d'artillerie : Orikhiv
  • 108e brigade DT : Orikhiv
  • 110e brigade mécanisée : Orikhiv ? (*) 
  • 118e brigade mécanisée : Orikhiv
  • 128e brigade de montagne: Orikhiv
  • 128e brigade DT : Orikhiv
  • 241e brigade DT : Orikhiv
  • 411e régiment de drones : Ivanivka
(*) ua control map indique que la 110e brigade mécanisée est à Sumy. Cependant, la frappe qui a tué son commandant a eu lieu dans le sud du pays, il est probable que cette brigade est donc avec les autres brigades du 17e corps


18e corps

Aucune information


19e corps

Aucune information


20e corps

  • 17e brigade fortement mécanisée : Pokrovsk
  • 23e brigade mécanisée : Ivanivka
  • 31e brigade mécanisée : Ivanivka
  • 33e brigade mécanisée : Ivanivka
  • 141e brigade mécanisée : Ivanivka


21e corps (défense territoriale ?)

Aucune information


30e corps (Marines)

  • 32e brigade d'artillerie : Orikhiv
  • 34e brigade de défense côtière : Kherson
  • 35e brigade de Marine : Pokrovsk
  • 36e brigade de Marine : Kostiantynivka
  • 37e brigade de Marine : Ivanivka
  • 38e brigade de Marine : Pokrovsk
  • 39e brigade de défense côtière : Kherson
  • 40e brigade de défense côtière : Kherson
  • 406e brigade d'artillerie : Kherson



Conclusion

  • seulement 3 corps (16e, 17e et 20e) sont créés et regroupés dans un secteur du front. Il est possible que d'autres corps (3e et 11e) soient également regroupés mais que les informations de localisation de ua control map datent un peu
  • 10 sont créés mais dispersés, et ne servent donc guère pour le moment
  • 5 n'existent peut-être que sur le papier, ou sont encore au stade de la formation

Il semble aussi qu'aucun secteur du front n'est actuellement pleinement sous le contrôle d'un corps. Même les 17e et 20e corps, ceux dont les unités sont les plus proches, n'ont pas toutes leurs unités adjacentes, mais mêlées à d'autres unités. NB: il est possible que les informations disponibles soient imprécises, et que les unités localisées entre les armées d'un corps soient ailleurs, ou soient rattachées au corps. Si tel est le cas, alors le secteur d'Orikhiv est sous le contrôle du 17e corps, et celui de Ivanivka sous le contrôle du 20e corps.

Or, l'intérêt de cette réorganisation est de confier des secteurs du front à ces corps nouvellement créés. Et on est 9 mois après les premières annonces de réorganisation, 6 mois après que la décision de créer ces corps à partir de brigades "principales" ait été prise. Combien de temps faudra-t-il encore avant que la réorganisation soit effective ?

Cette lenteur est d'autant plus frappante que ces nouveaux corps sont créés sans aucune logique apparente. En effet, les Ukrainiens auraient dû logiquement:
  • soit créer des corps en fonction des brigades déjà présentes dans un secteur (pour mettre plus facilement en place la réforme)
  • soit créer des corps en calibrant leur force, par exemple en considérant que chaque corps doit être constitué de 6 brigades, 1 principale, 3 brigades mécanisées et 2 de défense territoriale, plus une brigade d'artillerie, de manière à maximiser leur autonomie et leur capacité opérationnelle
Or, les corps créés se font, semble-t-il sans aucune logique géographique, et peuvent varier de 3 à 8 brigades de qualités hétérogènes. De plus, les transfert de brigades d'un corps à l'autre se font, elles aussi sans grande logique. 

Ce qui est possible, et même probable, c'est que la lenteur de cette réforme et son manque de logique apparente sont la conséquence de fortes réticences internes à ce changement. L'armée ukrainienne, ou plus exactement certains de ses généraux influents, peine visiblement à se réformer. Ce qui coûte chaque jour toujours plus à l'Ukraine.

mercredi 2 juillet 2025

Guerre en Ukraine: bilan du mois de juin 2025

Comme chaque mois, voici un petit bilan du mois de juin 2025, à mettre en perspective avec les constats que j'avais faits fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2023 ainsi que fin janvier, fin février, fin mars, fin avril, fin mai, fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2024, et puis fin janvier, fin févrierfin marsfin avril et fin mai 2025.

Une fois de plus, les Russes ont continué leur grignotage des défenses ukrainiennes. Mais les événements les plus importants n'ont pas eu lieu sur le front (comme souvent). Le 1er juin, les Ukrainiens ont réussi une opération audacieuse en frappant, au sol, la flotte de bombardiers stratégiques russes. Le 13 juin, Israël a attaqué directement l'Iran, puis, les 21-22 juin, Donald Trump a ordonné un raid aérien de plusieurs bombardiers B2 sur l'Iran, avant de décréter quelques jours plus tard un "cessez-le-feu". Cette guerre éclaire a provoqué un petit pic sur le prix du pétrole, et a surtout endommagé la posture morale des Occidentaux et le droit international.

Image tirée d'une vidéo d'un drone de l'opération "Toile d'araignée", 01/06/2025



Pertes russes et attaques aériennes

Je rappelle les pertes russes telles qu'annoncées par les officiels Ukrainiens dans les 4 catégories à surveiller: artillerie, MLRS, DCA et équipements spéciaux. Pour chacune, je vais donner les moyennes pour la première année (mars 2022 à février 2023), la deuxième année (mars 2023 à février 2024) et la troisième année (mars 2024 à février 2025) puis les chiffres de mars, avril, mai et juin 2025

  • Artillerie 
    • moyenne 1ere année: 190/mois
    • moyenne 2e année: 650/mois
    • moyenne 3e année: 1150/mois
    • 1690 (mars), 1554 (avril), 1384 (mai), 1243 (juin)
  • MLRS
    • moyenne 1ere année: 40/mois
    • moyenne 2e année: 43/mois
    • moyenne 3e année: 25/mois
    • 44 (mars), 27 (avril), 26 (mai), 27 (juin)
  • DCA
    • moyenne 1ere année: 21/mois
    • moyenne 2e année: 37/mois
    • moyenne 3e année: 30/mois
    • 37 (mars), 23 (avril), 27 (mai), 17 (juin)
  • Équipements spéciaux
    • moyenne 1ere année: 19/mois
    • moyenne 2e année: 114/mois
    • moyenne 3e année: 181/mois
    • 24 (mars), 82 (avril), 33 (mai), 19 (juin)

On constate une fois de plus une baisse des pertes russes (en particulier l'équipement spécial, et anti-aérien), même si les chiffres sont toujours impressionnants en ce qui concerne l'artillerie. Plus généralement sur l'ensemble des équipements terrestres (5084) et des pertes humaines (32 680), il y a une baisse des chiffres mensuels pour le 3e mois consécutif. Les pertes d'équipements visuellement confirmées sont elles aussi en baisse selon Oryx: 257 pertes russes et 228 pertes ukrainiennes. La baisse des pertes russes (qui tourne habituellement autour de 400-500/mois) est particulièrement notable, et le ratio pertes russe/pertes ukrainiennes, tout juste supérieur à 1, est très mauvais pour l'Ukraine. A voir si cette tendance se confirme et ce qu'elle signifie.

Comme annoncé en introduction, les Ukrainiens ont réussi à détruire une dizaine de bombardiers stratégiques russes (et endommager au moins une dizaine d'autres d'appareils) lors de l'opération "toile d'araignée" le 1er juin. Je recommande la vidéo de Perun qui, si elle est longue (comme d'habitude), constitue à mes yeux la meilleure analyse de cette opération, des dégâts causés et de leur conséquences. Si ces destructions ne vont pas changer les choses sur le front, ni même sur les attaques aériennes russes (très majoritairement le fait de drones Shahed plus que de missiles), en revanche elles ont montré que les Ukrainiens ont de la ressource et peuvent surprendre les Russes et leur faire payer chèrement cette guerre qui se poursuit. 

Le nombre de drones (Shaheds &co) employés par les Russes a encore augmenté ce mois-ci, avec, certaines nuits, plus de 400 drones employés.  Ces attaques aériennes ont culminé dans la nuit du 28 au 29 juin, avec 477 drones et 60 missiles employés. Si les chiffres ukrainiens sont exacts, cela signifie que les Russes ont considérablement augmenté leur production (sans doute plus de 3000 shaheds/mois) au point que ces drones constituent une menace non seulement pour l'Ukraine mais aussi pour toute l'Europe. 

En effet, si un cessez-le-feu se met en place et que les Russes continuent à produire ces drones à cette vitesse (ou, pire, s'ils accélèrent encore leur cadence de production), ils auront rapidement des dizaines de milliers de ces drones en stock et pourront menacer d'en envoyer 1000 ou 2000 par jour sur un pays si on ne se plie pas à leurs exigences. Largement de quoi saturer n'importe quelle défense anti-aérienne et provoquer des dégâts considérables aux villes, infrastructures, etc, de n'importe quel pays européen. C'est une menace plus pernicieuse et plus crédible que celle des armes nucléaires, car si les dégâts sont moindres, l'impact psychologique l'est tout autant. Malheureusement, beaucoup de nos concitoyens (et dirigeants politiques) préfèrent ignorer cette réalité: la Russie doit être défaite coûte que coûte.


Réorganisations ukrainiennes

L'armée ukrainienne poursuit sa réorganisation en introduisant les corps d'armée, mais que c'est long. Ce mois-ci, on a appris la composition de deux corps d'armée: 
  • le 16e corps (dit "de Kharkiv") centré autour de la 92e brigade d'assaut, se compose également de la 3e brigade blindée, des 41e, 57e, 58e brigades mécanisées/motorisées (ces types sont similaires), ainsi que de la 113e brigade de défense territoriale
  • le 20e corps centrée autour de la 17e brigade "lourdement mécanisée", se compose également des 23e, 31e, 33e et 141e brigades mécanisées
A noter que ces deux corps, contrairement aux autres corps précédemment annoncés et dont les unités étaient dispersées sur tout le front, ont leurs unités dans des zones relativement proches: entre Kharkiv et Koupiansk pour le 16e corps, entre Zelene Pole et Ivanivska (deux petites viles / villages situés à  au sud-ouest de Pokrovsk) pour le 20e corps.

Le mois de juin a vu aussi la démission du général Drapatyi, le chef des forces terrestres de l'Ukraine, que beaucoup considèrent comme bien meilleur que son supérieur, le général-en-chef Sirsky. J'ai parlé des erreurs de commandement reprochées à Sirsky. Drapatyi a présenté sa démission suite à une n-ième tragédie: un camp d'entrainement, bien trop proche du front, a été bombardé par les Russes, le commandant du centre n'ayant pris aucune mesure pour contrer la menace drone + iskander. Dans sa lettre de démission, Drapatyi dit que ses ordres n'ont pas été suivis et fustige la culture de népotisme et d'impunité dans l'armée ukrainienne. Cette démission, c'était une manière de poser un ultimatum: "C'est eux [les officiers incompétents] ou moi". Zelensky, face à ce choix, décide de ... couper la poire en 2. La démission de Drapatyi est acceptée (il est remplacé par le général Shapovalov) mais est nommé "chef des forces combinées" dont l'autorité est pour le moins nébuleuse. Drapatyi s'est exprimé sur ce qu'il faut changer au sein de l'armée ukrainienne et regrette qu'il y a eu si peu de progrès. 

Reste à voir si les changements nécessaires vont enfin avoir lieu. Car si rien ne change, la situation va empirer pour l'Ukraine.



Les guerres selon Netanyahou (et Trump)

Comme souvent depuis novembre 2024, les événements les plus décisifs n'ont pas eu lieu en Ukraine. Ce mois-ci, c'est l'attaque israélienne contre l'Iran qui a une influence indirecte mais très importante sur la guerre en Ukraine. 

D'abord, parce que 20 000 missiles destinés à l'Ukraine ont été  détournées par Trump pour être utilisées au moyen orient. De manière générale, l'Occident fournit énormément d'armes pour permettre à Netanyahou de poursuivre ses guerres. Autant d'armes et de munitions qui pourraient être bien plus utiles en Ukraine. Bien qu'anecdotique (pour le moment), il y a aussi l'histoire de militants pro-palestiniens détruisant du matériel militaire destiné à l'Ukraine (car ils pensaient que c'était pour Israël).

Ensuite, parce que cette nouvelle actualité contribue à invisibiliser, dans les média occidentaux, la guerre en Ukraine, dont la couverture médiatique a beaucoup diminuée depuis la fin 2023.

Enfin, parce que ces attaques enfoncent un nouveau clou dans le cercueil du droit international, qui était déjà bien mis à mal depuis 2022 (et même avant). L'Ukraine et la Russie sont de facto en guerre, mais la Russie continue à faire comme s'il n'y a pas de guerre, du moins officiellement. Et ce n'est qu'un premier exemple de conflit armée entre deux états (ce qui s'appelle une guerre) mais qu'un des deux belligérants (voir les deux) assurent qu'il n'y a pas de guerre.

Un peu comme la guerre entre l'Inde et le Pakistan, en 2025, deux pays peuvent mener des frappes aériennes et s'envoyer des dizaines ou des centaines de missiles pendant une quinzaine de jours, sans déclaration de guerre formelle, et desescalader ensuite le conflit. Avec, cette fois-ci, les USA qui s'invitent et lancent un unique raid aérien avec leurs meilleurs bombardiers et des bombes spécialement conçues pour frapper des installation très enterrées.

Et quelle est la réaction du reste du monde ? Il y a quelques condamnations, mais surtout des appels au cessez-le-feu. Et surtout, pas de sanction ni d'actions entreprises contre l'agresseur. C'est particulièrement le cas dans la séquence qui vient de se produire entre l'Iran et Israël/USA. 

Cela fait des années que l'Iran est en conflit larvé avec Israël et les USA. L'Iran finance et arme des mouvements hostiles à Israël (Hezbollah, Houtis, Hamas), et les services secrets israéliens et américains cherchent également à ralentir le programme nucléaire iranien, assassiner certains membres du régime iranien etc. Sans parler des menaces orales des uns et des autres. Mais ça restait en dessous du seuil de la guerre ouverte.

En avril 2024, Israël avait déjà attaqué directement l'Iran, en bombardant une annexe de son ambassade en Syrie. L'Iran avait riposté par une attaque de missile et de drones, massive mais télégraphiée. Fin septembre 2024, rebelotte: Israel tue un général Iranien a Beyrouth (en visant un des chef du Hamas), l'Iran riposte en tirant 200 missiles. Si ces échanges de frappes avaient fait sauté quelques tabous (en particulier, l'Iran se permettait d'attaquer directement Israël), leur ampleur était calculée pour éviter toute escalade.  

Mais ce qui s'est passé ce mois-ci dépasse largement le seuil de la guerre ouverte. Israël a bombardé des cibles militaires, des installations nucléaires mais aussi des quartiers résidentiels et des hôpitaux. La riposte iranienne n'a pas non plus été très sélective, frappant tout ce qu'ils pouvaient. Bref, c'est la guerre, indiscutablement. Une guerre dans laquelle Israël et les USA sont les agresseurs.

Certains argumentent qu’Israël ne peut pas se permettre que l'Iran dispose de la bombe atomique, et que l'attaque de militaires et scientifiques iraniens (même à leur domicile) est donc justifiée. D'abord, notons qu'Israël agite cette menace nucléaire iranienne depuis 1995. Et qu'eux-même ont la bombe (pas officiellement, mais c'est un secret de polichinelle). Mais surtout, est-ce que ça justifie vraiment qu’Israël assassine toute la famille d'un scientifique, réunie à un enterrement ? L'attaque de la prison d'Evin, tuant de nombreux prisonniers et leurs avocats ? Et pour quel résultat, au final ? Même avec l'aide des B2 américains, il est probable que le programme nucléaire iranien n'est pas détruit, tout juste un peu retardé, et que cette agression va justement les pousser à finaliser au plus vite le développement de la bombe. Loin de stopper la prolifération nucléaire, cette attaque israélo-américaine va l'accélérer.

Et si ce genre de conséquences néfastes à long terme ce n'est pas étonnant, vu l'idiot narcissique orange qui dirige les USA, que dire des dirigeants européens qui ont au mieux protesté mollement, au pire carrément approuvé l'opération ? Comment peut-on condamner l'agression russe et approuver l'agression israélienne /américaine ? C'est un "double standard" à l'état pur. 

D'autant plus que, malgré tous les crimes commis par Israël contre la population de Gaza, dont une famine organisée, l'assassinat de journalistes, le bombardement d’hôpitaux, etc (il faudrait des pages entières pour les recenser tous), les Européens ne comptent pas arrêter Netanyahou (sous mandat d'arrêt de la CPI), ni prendre la moindre sanction contre Israël. Même quand des soldats israéliens avouent avoir reçu l'ordre de tirer dans la foule affamée, il n'y a aucune réaction de notre gouvernement. Un tel silence est coupable, une telle inaction équivaut à de la complicité.

Comment, alors, croire qu'on va punir les Russes pour leurs crimes ? Même si Zelensky et le Conseil de l'Europe ont signé un accord pour établir un tribunal de guerre, celui-ci restera lettre morte. Et comment demander à des pays tiers d'appliquer les sanctions contre la Russie ? Ces pays peuvent logiquement dire que, puisque l'Occident ne fait rien contre Israël, ils n'ont aucune obligation (pas même morale) à sanctionner la Russie. Ils pourraient aussi dire: "pourquoi dois-je faire quelque chose pour sauver les enfants ukrainiens, alors que vous n'avez rien fait pour sauver les enfants palestiniens ?"

Netanyahou et Trump détruisent directement toutes les valeurs de la civilisation occidentale. Ou, pour les plus cyniques, ils révèlent simplement sa profonde hypocrisie. En ce sens, ils ont le même objectif que Poutine, affaiblissant considérablement l'influence de l'Europe et des USA dans le monde entier. Et ce ce point de vue, le mois de juin a été un grand succès pour ce trio de fachos crapuleux et sanguinaires.

Lettre à mon député (2)

Monsieur le député, Il y a un an et demi, je vous avais écrit pour vous faire part de mes craintes au sujet de la guerre en Ukraine. Vous a...