dimanche 27 octobre 2024

Critique des analyses de Macette Escortert

Chaque jour ou presque, Macette Escortert publie sur Twitter (et un miroir sur Mastodon) un point de situation sur la guerre en Ukraine. Il/elle (je ne sais pas si c'est un homme ou une femme, dans le doute je vais utiliser le masculin) fait un travail de compilation des données à partir du renseignement en sources ouvertes (OSINT) et les analyses à partir de ces données. C'est un travail d'autant plus remarquable que c'est un des rares francophones à faire un point de situation quasi-quotidien.

Pourtant, je suis plus que réservé sur la pertinence de ses analyses, et je vais essayer d'expliquer pourquoi.



Un travail solide

Commençons par le positif: Macette Escortert a de très bonnes sources. Il s'appuie sur le travail de PouletVolant (qui lui-même s'appuie sur le travail de Andrew Perpetua), Oryx pour les pertes matérielles, Ragnar Bjartur Gudmundsson pour les statistiques. Un lecteur régulier de ce blog notera que j'utilise ces mêmes sources que pour mes propres analyses, preuve de la confiance que je leur accorde. 

Son travail est cité par des experts militaires et analystes très respectables, comme Olivier Kempf et Guillaume Ancel, autant de preuves de son sérieux et de la visibilité de ce travail dans la petite communauté des analystes militaires francophones. 

Macette Escortert a clairement pris parti pour l'Ukraine, ce qui est une bonne chose. D'une part parce que, dans cette guerre, n'importe qui ayant un minimum de moralité et d'humanité ne peut que prendre le parti de l'Ukraine, seuls les "cadavres moraux" sont pour la Russie. D'autre part, il vaut mieux annoncer clairement la couleur plutôt que de se draper dans une prétendue neutralité (qui n'est bien souvent qu'une manière de mal dissimuler un penchant pro-russe). Ça ne veut pas dire pour autant qu'il ne critique pas les décisions militaires prises par les Ukrainiens, bien au contraire.

Chaque jour, il prend les données disponibles en OSINT et calcule divers indicateurs, parmis lesquels:

  • les gains territoriaux, en km2, d'après les cartes établies par PouletVolant (indicateur calculé pour chaque secteur du front)
  • le "RAPFEU": rapport de feu, calculé à partir des déclarations ukrainiennes sur le nombre d'obus et de frappes aériennes tirés par chaque camp
  • le "RAPPERT": rapport des pertes, calculé à part des listes de pertes visuellement confirmées et qui sont publiées par Oryx, Andrew Perpetua etc
  • "l'efficience des feux": produit des deux précédents indicateurs

Il donne aussi des graphiques montrant l'évolution de ces indicateurs, donne diverses photos/vidéos disponibles publiquement pour illustrer son propos et surtout, il ne diffuse pas de fausses nouvelles, ce qui est très important en ces temps où celles-ci se diffusent comme une traînée de poudre.

Donc, où est le problème ?

 

 

Les chapeaux clicbait

Le premier reproche que je lui fait, assez mineur, est sa tendance à faire un chapeau (premier message de ses analyses sur Twitter, qui introduit le reste) souvent "putaclic" (clicbait en bon franglais). 

C'est normal, si l'on peut dire, dans le contexte de l'économie de l'attention. Tous ceux qui font des analyses quotidiennes sur Youtube/Twitter/etc le font aussi, car l'évolution du front, les événements, bref toute nouveauté d'un jour sur l'autre est souvent peu remarquable. Pour ma part, je ne fais qu'un point de situation par mois, et bien souvent tout ce que j'ai à dire se résume à: "c'est en gros comme le mois précédent". Donc, pour attirer l'attention avec un point quotidien, Macette Escortert exagère et dramatise, même s'il est loin d'être le pire dans ce domaine.

Un exemple récent de ce genre de travers est le point de situation du 21 octobre, dont le chapeau est: "#Kharkiv est à nouveau menacée". Non seulement c'est faux, mais ça ne résume absolument pas le reste de son fil Twitter , qui parle de plein d'avancées russes, mais pas vers Kharkiv.

Surtout, je vais prendre pour exemple son point de situation du 25 août 2024, puisqu'on m'avait demandé mon avis sur ce point-là et que c'est ce qui m'a ensuite conduit à écrire ce billet de blog pour développer mon point de vue. Le chapeau était:

"La bataille du Donetsk a pris une tournure inquiétante pour🇺🇦
Les forteresses de Toretsk et Chasiv-Yar ont été pénétrées et l’ennemi est à moins de 10 km de celles de Siversk et Pokrovsk"

Dit comme ça, on a l'impression qu'il y a urgence et que les Ukrainiens vont bientôt perdre ces 4 villes.

Le jour où Macette Escortert écrit ça, cela fait près de deux mois que les Russes attaquent à Toretsk, et cinq mois qu'ils sont à l'entrée de Chassiv Yar. D'ailleurs, concernant Chassiv Yar, les progrès des Russes étaient alors insignifiants depuis plusieurs semaines. Et, à l'heure où je publie ce billet (2 mois plus tard), les Russes ne sont pas beaucoup plus avancés dans ces deux villes, qui résistent toujours. Vers Siversk, la progression des Russes est aussi très lente; il n'y a que vers Pokrovsk que leur progression est plus rapide et réellement préoccupante pour les Ukrainiens.

J'ai aussi du mal à qualifier ces villes de "forteresses": ce sont des points défensifs importants qui ont été en partie fortifiés, mais pas des villes explicitement conçues pour une défense militaire comme pouvaient l'être les villes forteresses de Vauban en leur temps. Mais bon, c'est un abus de langage fréquent dans cette guerre, où Bakhmut, Avdiivka etc ont été qualifiées de "forteresses" sans que ce soit forcément justifié.

Dans l'ensemble, la situation des Ukrainiens est effectivement inquiétante (pour ce que l'on en sait). Mais cette situation le 25 août est juste légèrement plus inquiétante que celle du 24 août, et légèrement moins inquiétante que celle du 26 août: c'est plutôt une lente dégradation qui ne justifie pas un tel chapeau. Il aurait été plus juste d'écrire quelque chose comme:

"La bataille du Donetsk a pris une tournure inquiétante pour🇺🇦 au cours de ces derniers mois.
Ces deux derniers mois, les Russes ont pris pied dans les villes de Toretsk et Chasiv-Yar et l’ennemi avance lentement vers Siversk et plus rapidement vers Pokrovsk; les Russes sont désormais à moins de 10km de cette dernière ville."

 

 

Des indicateurs pas très indicatifs

Les chapeaux putaclics et inexacts ne sont pas le seul défaut de cette analyse quotidienne. Il y a aussi le risque que les indicateurs calculés quotidiennement finissent  par ne plus dire grand chose. Ainsi, les pertes, qui reposent sur les chiffres publiés par Oryx, sont mises à jour de manière irrégulière (et non quotidienne). Macette Escortert prend bien soin de "lisser" ces chiffres en considérant toujours une fenêtre glissante de 7 jours,  mais même ainsi il y a de grosses variations qui ne sont pas toujours très significatives. Ragnar Bjatur Gudmundsson, lui, préfère les lisser sur 30 jours.

Idem pour l'indicateur de RAPFEU qui varie quotidiennement, sans qu'on sache forcément si c'est dû à un changement dans la dynamique de la bataille ou à un simple bruit statistique. Et comme Macette Escortert combine les deux indicateurs pour calculer "l'efficience des feux", je suis très sceptique sur la pertinence de ce dernier indicateur.

Je précise: le problème n'est pas de calculer ces indicateurs, mais de vouloir à tout prix déceler du sens dans leurs valeurs et/ou leurs fluctuations quotidiennes. C'est un peu comme les journalistes qui commentent la moindre variation d'un sondage lors des élections présidentielles (genre "Macron gagne 0.25 point dans le dernier sondage Ipsos") en ignorant totalement les imprécisions de ces outils de mesure. Les variations ont du sens, par exemple, quand on compare les mois de février-mars-avril (où il était souvent supérieur à 20:1 en faveur des Russes) et la situation actuelle (où il est plutôt entre 5:1 et 10:1), ce qui témoignait alors de la pénurie de munitions côté ukrainien. Mais est-ce réellement une information si un jour le rapport est de 5:1, et le lendemain de 6:1 ou 7:1? Pas vraiment.

C'est pour cette raison que je préfère les analyses hebdomadaires / bimensuelles (comme le font Philips O'Brien, Donald Hill, et Olivier Kempf) ou celles, sans périodicité fixe, de Michel Goya, Perun et Anders Puck Nielsen, plus adaptées au temps long de la guerre.

Enfin, sur ces indicateurs, il y a une dernière chose qui me pose problème, d'un point de vue méthodologique: pour certains indicateurs (le RAPFEU, le volume des combats et leur localisations), Macette Escortert se fonde sur les déclarations des officiels ukrainiens. Pour d'autres (notamment les pertes, et les gains territoriaux), il ignore totalement ces déclarations pour ne considérer que les chiffres OSINT. Ça me semble étrange de considérer dans certains cas les chiffres fournis par les Ukrainiens comme fiables à 100%, et dans d'autres comme fiables à 0%. Ce qui m'amène à ma prochaine critique.


 

Les limites du "tout-OSINT"

Dans cette guerre, les informations obtenues à partir du renseignement en source ouvertes (OSINT) sont souvent ce qu'il y a de plus fiable. Mais il ne faut pas tomber dans le piège de croire qu'elles reflètent parfaitement la réalité: il y a toujours des pertes non documentées, des choses qu'on ne voit pas, et donc des incertitudes. Inversement, certaines informations, mêmes non confirmées par l'OSINT, sont quand même vraies.

Or, dans ses statistiques comme dans ses analyses, Macette Escortert fait comme si tout ce qui est en dehors de l'OSINT n'existe pas. Et ce, sans aucune précaution oratoire. Ainsi, comme je l'ai dit plus haut, Macette Escortert calcule chaque jour un rapport des pertes basés sur les chiffres Oryx des 7 derniers jours.

Il est raisonnable de croire que le rapport de pertes "réelles" est proche de celui donné par les pertes documentées sur Oryx, mais cela repose sur les hypothèses suivantes:

  • les deux camps publient sensiblement la même proportion de vidéos/documents visuels
  • les deux camps sont équipés de manière sensiblement égale
  • Oryx a eu les moyens de vérifier et publier l'ensemble des pertes documentées

Si ces hypothèses ne sont pas vérifiées (or dans cette guerre, elles sont peut-être vraies sur le long terme, mais pas d'un jour sur l'autre ou même d'une semaine sur l'autre), il faut ajuster le rapport de pertes et/ou prendre des intervalles de pertes réelles plus larges (ce que je fais dans mes estimations des pertes semestrielles). Ou alors, considérer que les pertes documentées sont des pertes minimales, et ne pas chercher à établir le rapport de pertes réelles.

Donc la prudence recommande de considérer les chiffres OSINT, mais en gardant à l'esprit qu'ils peuvent ne refléter qu'une partie de la réalité. En particulier, quand un camp maintient une bonne OPSEC (et donc publie peu de vidéos), cela peut donner l'impression trompeuse qu'il a un rapport de perte défavorable. 

Ainsi, dans la région de Koursk, les Ukrainiens sont relativement discrets sur leurs opérations, et donc les vidéos/photos viennent plutôt des Russes. Les pertes documentées ukrainiennes dépassent donc logiquement les pertes documentées russes (cf le travail de @naalsio). Peut-ont en déduire que les pertes réelles ukrainiennes sont plus nombreuses que celles des Russes ? Non. On a au contraire de bonnes raisons de penser que, du moins dans les premières semaines de cette offensive, le rapport de pertes était très favorable à l'Ukraine: attaque bénéficiant de l'effet de surprise, nombreux Russes capturés, confusion dans la chaîne de commandement russe, qui a amené à  plusieurs tirs "amis" sur leur propre matériel, et une frappe HIMARS dévastatrice sur un convoi de troupes près de Rylsk. Tout cela n'est pas forcément quantifiables, et il doit y avoir beaucoup d'évènements qui n'ont pas été documentés et/ou pas publiés. Mais un analyste, même s'il se fonde sur l'OSINT, doit aussi accepter l'idée que le brouillard de guerre et la bonne OPSEC côté ukrainien peuvent faire que les données disponibles publiquement donnent une image qui ne correspond pas forcément à la réalité, et en tenir compte dans ses analyses.



L'opération Delta

L'offensive de Koursk (et la manière dont Macette Escortert l'analyse) est la seconde raison de l'existence de ce billet; Macette est radicalement contre. Sa thèse est la suivante: l'offensive ukrainienne (qu'il appelle l'opération Delta) ne sert à rien; pire, en transférant des brigades ukrainienne du Donbas vers Koursk, elle est la cause des avancées russes dans le Donbas. J'ai déjà évoqué cette thèse (et l'avais réfutée) dans mon bilan du mois d'août. Je vais faire ici plutôt une critique des arguments de Macette Escortert en eux-même, en le citant textuellement et en expliquant ce qui ne va pas (d'un point de vu logique et/ou factuel) dans ce qu'il écrit.

Voici par exemple ce qu'il écrivait le 8 août:

"Il en sera du 3ème raid de l’armée 🇺🇦sur le territoire🇷🇺comme des deux précédents : une piqure d’épingle sur le mammouth

Etait-il nécessaire d’immobiliser une brigade pour lancer le raid de #Sudzha ?
"

Alors, certes, ce n'était que deux jours après le début de l'opération, et on manquait d'information, mais comparé à ce que j'écrivais le même jour, Macette Escortert n'avait alors pas compris:

  • que ce n'était pas qu'un simple raid
  • les intérêts stratégiques de cette attaque, le plus important étant que l'Ukraine franchissait allègrement deux "lignes rouges" et se permette de porter la guerre terrestre en Russie, ce qui fragilise de fait l'ensemble de la frontière entre les deux pays

A propos de lignes rouges, Macette Escortert lie d'ailleurs l'offensive de Koursk avec l'autorisation (toujours refusée) d'utiliser les ATACMS et StormShadows/SCALP EG sur le sol russe. D'abord pour dire que "les alliés occidentaux vont réfléchir encore plus avant d’octroyer des autorisations de frapper en 🇷🇺" (ce qui se révélera faux: il n'y a eu aucun changement sur ces autorisations, ni en bien, ni en mal). Puis pour émettre l'hypothèse que c'était un des objectifs de l'opération Delta (et donc y voir une preuve de l'échec de cette offensive): "Si l’opération ▵ avait pour but principal de modifier la perception occidentale de la menace 🇷🇺, c’est raté"

Or, ce que l'opération Delta a montré (s'il en était encore besoin), c'est la vacuité des lignes rouges russes. L'invasion du territoire russe, c'est un cran au-dessus des frappes à longue distance (dans l'échelle de l'escalade). Et Poutine n'a strictement rien fait. Autrement dit: elle a montré que l'Occident peux donner cette autorisation sans  déclencher l'apocalypse nucléaire. C'est d'ailleurs pour essayer de rétablir cette ligne rouge que Poutine a ensuite modifié la doctrine russe d'usage des armes nucléaires.

Mais la décision finale appartient aux Occidentaux, et en particulier à Biden, qui a refusé probablement plus pour des questions de politique intérieure aux USA et/ou de la trop grande prudence de Biden qu'en raison des actions des Ukrainiens (dont l'opération à Koursk). Bien sûr, on ne saura pas le fin mot de l'histoire avant plusieurs mois/années, mais d'après ce que l'on sait actuellement, Macette Escortert a tort de lier ce refus à la décision ukrainienne d'attaquer à Koursk.

Peut-être que ce qui perturbe Macette Escortert (comme d'autres analystes) est que comme les Ukrainiens n'ont jamais vraiment annoncé quels étaient leurs buts dans cette opération, et qu'ils continuent à donner le moins d'information possible, il est difficile d'estimer si ces buts ont été atteints. J'y reviendrai dans mon bilan du mois d'octobre, mais on peut maintenant dire que, après un succès initial, les Ukrainiens n'ont pas réussi à prendre les positions qui leur auraient permis ensuite de défendre facilement la région (notamment en prenant les villes de Koronevo, Glushkovo et toute la zone au sud de la rivière). Cela illustre une nouvelle fois les problèmes du commandement ukrainien au niveau corps/division dont je parlais déjà en janvier 2024.


Cela étant dit, je vais revenir sur la thèse principale de Macette Escortert une nouvelle fois (en essayant de ne pas trop répéter ce que j'ai déjà dit), et ce pour deux raisons. La première, c'est que, comme le rappelle le professeur Phillips P. O'Brien, cette thèse est précisément celle de Poutine, et qu'il est donc significatif qu'un analyste pro-Ukraine reprenne les éléments de langage de la propagande russe. La seconde est que le travail de Macette Escortert nous donne directement un argument fort pour réfuter cette thèse.

En effet, Macette Escortert affirme que "Les défenses fortifiées 🇺🇦cèdent facilement parce qu’elles sont mal valorisées, à cause des transferts d’unités vers #Koursk" et en effet les Russes ont bien attaqué les défenses Ukrainiennes dans certains secteurs: Pokrovsk, bien sûr, mais aussi Toretsk depuis fin juin (même si la situation y semble plus ou moins stabilisée maintenant) et, plus récemment vers Kupyansk et Vuhledar. Et l'argument semble logique: les Ukrainiens manquent d'hommes et de munitions sur la ligne de front, si des brigades ukrainiennes sont retirées de certains secteurs, il n'est pas surprenant que ces mêmes secteurs soient affaiblis et que les Russes y progressent

Et Macette détaille la provenance des brigades ukrainiennes, par exemple dans son point du 7 septembre où il dit: "Observez bien ces transferts et ré-allocations, ils sont la clé de l’énigme du ▵" Donc, si on regarde plus précisément d'où viennent les brigades transférées à Koursk, on constate que:

  • 10% viennent du secteur de Pokrovsk où effectivement, les Russes ont beaucoup avancé
  • 10% viennent de Toretsk où effectivement, les Russes ont un peu avancé
  • 80% viennent de secteurs où les Russes n'ont guère progressé

Inversement, les percées les plus récentes (Kupyansk et Vuhledar) ce sont fait dans des secteurs non concernés par ces transferts d'unités. Donc le travail de Macette Escortert montre qu'il n'y a pas de corrélation entre les secteurs où les Russes percent les défenses ukrainiennes et les secteurs où les Ukrainiens ont prélevés des brigades.

On peut bien sûr argumenter que, même si des brigades ne sont pas transférées à Kursk, l'opération Delta consomme des munitions qui seraient bien utiles sur le front Est, mais cet argument est aussi valable pour les Russes, qui consacrent très probablement bien plus d'hommes et de munitions que les Ukrainiens dans le secteur de Kursk. Récemment, on a dit que les Russes y emploient 60% de toutes leurs attaques par bombes planantes

Je l'ai déjà dit, les causes des reculs ukrainiens sont multiples et ne peuvent se résumer à "les Ukrainiens ont attaqué à Kursk". Ces reculs sont préoccupants, et en identifier les causes est vital pour les Ukrainiens. C'est justement pour ça que l'analyse erronée de Macette Escortert de l'opération Delta n'aide pas à comprendre la situation sur le front et ce dont les Ukrainiens ont besoin.


 

Un pessimisme tournant au défaitisme

La dernière chose qui me dérange, ces derniers mois, c'est le ton excessivement pessimiste de ses analyses. Il ne s'agit pas ici de prétendre que les Ukrainiens n'ont pas de problèmes (ils en ont beaucoup), mais de faire la distinction entre une analyse critique et un message défaitiste.

Tatarigami pointe les problèmes structurels qui handicapent encore l’armée ukrainienne, mais finit toujours par une note positive, en donnant une piste comment les résoudre.

Tom Cooper/Sarcastosaurus (je ne suis pas fan de son style non plus, pour d’autres raisons) pointe les problèmes structurels qui handicapent encore l’armée ukrainienne, blâme les généraux ukrainiens pour leurs échecs, considère tous les hommes politiques occidentaux (et ukrainiens) pour des corrompus et des incompétents mais rappelle que les problèmes sont encore pire chez les Russes.

Ces derniers temps, Macette Escortert se contente de dire que les Ukrainiens ne peuvent rien faire contre les Russes qui eux sont « efficaces ». Dire ça n’est pas pointer les problèmes structurels qui handicapent encore l’armée ukrainienne. C’est juste une forme de défaitisme qui ne nous apprend rien mais va dans le sens des discours pro-russes.

Je dis souvent que, quand je veux avoir un point de vue optimiste sur la guerre en Ukraine, j'écoute Xavier Tytelman et pour un point de vue pessimiste, je lis Olivier Kempf. Ces derniers temps, j'ai l'impression que Macette Escortert réussit l’exploit d'être encore plus pessimiste que Olivier Kempf, c'est dire.
 
Alors, peut-être que c'est moi qui me fait des idées, mais depuis plusieurs mois j'ai du mal à lire quoi que ce soit de positif pour les Ukrainiens sous la plume de Macette Escortert. "🇺🇦est en train de perdre la Guerre. Si les Alliés et l’🇺🇦 ne prennent pas des mesures drastiques, alors, oui, cette guerre sera perdue. Epuisement🇺🇦" nous dit-il le 17 octobre 2024, alors que, quelques jours plus tôt, Anders Puck Nielsen expliquait pourquoi l'attrition joue dans les deux camps et qu'il ne faut pas considérer la situation de l'un sans regarder l'épuisement de l'autre.

J'insiste bien: c'est vraiment le ton de ses analyses qui me pose problème, pas le diagnostique des problèmes des Ukrainiens. Ainsi, quand il veut justifier que "l'Ukraine perd la guerre", il donne les raisons suivantes:
• mobilisation 🇺🇦tardive et insuffisante
• aide occidentale insuffisante
• retards👇 et restrictions dans l’aide en raison de craintes d’escalade
• application laxiste des sanctions
• manque de volonté politique en Occident
• mauvaises décisions militaires🇺🇦 

• asymétrie des belligérants 🇷🇺est un pays quatre fois plus peuplé avec l’une des plus grandes industries militaires
• alliés de la🇷🇺comme🇰🇵👇, contribuent plus que certains pays européens dont le PIB est bien plus élevé !

Je suis plus ou moins d'accord avec cette liste de problèmes des Ukrainiens, à quelques détails près (mais il me faudrait un billet aussi long pour développer). 
 
Si je ne partage pas ses conclusions sur "qui gagne la guerre", c'est parce que les problèmes russes sont encore plus graves:
  • situation économique intenable à moyen/long terme
  • production militaire très inférieure aux besoins (hors sortie des stocks)
  • stocks militaires qui s'épuisent
  • décisions militaires stupides à tous les niveaux, avec obligation d'obéir aux décisions absurdes de Poutine
  • corruption et culture du mensonge omniprésente (bien pire qu'en Ukraine)
  • asymétrie (militaire et économique) avec l'OTAN qui domine la Russie sur tous les plans
  • les "alliés" des Russes n'ont que peu voir pas d'intérêt à ce que la Russie gagne en Ukraine, et ont tout intérêt à ce qu'elle s'affaiblisse tout en profitant de la guerre pour leurs propres intérêts

Or, quand Macette Escortert parle de ces points négatifs, c'est pour les minimiser. Je suis d'accord avec lui que les Occidentaux ne devraient pas se contenter d'attendre que la Russie épuise ses stocks et devraient au contraire augmenter nettement leur soutien, car on ne sait jamais ce qui peut arriver demain. D'ailleurs, je le disais déjà il y a maintenant plus d'un an. Mais c'est absurde de "prolonger les courbes" quand il s'agit des pertes ukrainiennes et des problèmes ukrainiens (pour justifier l'affirmation que "🇺🇦est en train de perdre la Guerre") puis de refuser de faire de même pour les Russes.

Et surtout, ce qui fait pencher la balance en faveur de l'Ukraine, c'est que presque tous les points listés en défaveur de l'Ukraine peuvent être améliorés. A l'inverse, presque tous les points listés en défaveur de la Russie ne peuvent pas être résolus par la Russie seule. C'est pourquoi je dis que le seul espoir de Poutine est que Trump soit élu et lui offre une victoire qu'il ne peut obtenir par des moyens militaires. Ce qui, malheureusement, est bien possible.

 
 

Conclusion

J'ai écris en grande partie ce billet mi-septembre, et j'ai longtemps hésité à le publier. D'abord, parce  que ce genre de critique est souvent mal comprise, à l'heure des réseaux sociaux et de la culture du clash. Il ne s'agit pas d'être "pour ou contre Macette Escortert", mais de reconnaître qu'il fait un très bon travail de synthèse tout en pointant les limites de ses analyses. 

Ensuite, parce que ces limites sont, à mon sens, largement liées à l'exercice auquel il s'astreint: faire un point de situation quasi-quotidien. Depuis un an, l'armée russe grignote les défenses ukrainiennes, et Macette Escortert rend compte de ces reculs jour après jour. Difficile, dans ces conditions, de ne pas sombrer dans le pessimisme. 

Au départ, on expliquait ces avancées russes par l'arrêt de l'aide américaine (qui a effectivement fait très mal aux Ukrainiens). Mais, alors que cette aide a repris depuis mai/juin 2024, on constate que la Russie progresse encore plus vite. Est-ce le résultat d'un épuisement de l'armée Ukrainienne ? D'un changement de stratégie des Ukrainiens qui privilégient une défense plus mobile ? Des Russes qui jouent leur va-tout en comptant sur l'élection de Trump ? Je ne sais pas. Instinctivement, je dirais "un peu des trois", mais ça reste un sentiment plus que le résultat d'une analyse.

Mais Macette Escortert ne peut pas se payer le luxe de dire "je ne sais pas", il lui faut une explication, même mauvaise, à cette progression russe. La principale explication qu'il a choisi, c'est de faire porter la chapeau à l'offensive de Kursk. Et à partir de ce choix, il sélectionne ce qui va dans son sens (et ignore ce qui n'y va pas). Bref, le cocktail très classique biais de confirmation / cherry picking que nous avons tous naturellement tendance à faire, et contre lequel il faut lutter en permanence.

Pour finir, si je peux donner quelques conseils à Macette Escortert, ce serait:

  • de prendre un peu de recul (autant que le permet son exercice de rapport quasi-quotidien): la guerre ne sera pas gagnée ou perdue par le contrôle de telle ou telle ville du Donbas, mais plutôt sur la capacité (humaine et matérielle) à poursuivre l'effort de guerre
  • de ne pas sur-interpréter, de ne pas chercher à lier forcément deux évènements ou deux statistiques entre eux; un indicateur statistique est avant tout un indicateur et la carte (même les superbes cartes de pouletvolant3) n'est pas le territoire
  • de prendre quelques précautions oratoires, et d'accepter qu'il y a des doutes, des zones d'ombres, des secrets, et que tout n'est pas (encore) documenté

 

lundi 14 octobre 2024

Les élections américaines

Je l'ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog: le résultat des prochaines élections américaines seront bien plus déterminantes que n'importe quelle bataille en ce qui concerne la guerre en Ukraine. En effet, Trump cache à peine son intention de donner la victoire à Poutine, sans aucune compensation (aucune autre que celle de l'avoir aidé à être élu). A l'inverse, si les Démocrates gagnent la présidentielle et les élections parlementaires, et que Harris peut accroître le soutien américain à l'Ukraine, c'est la Russie qui finira par épuiser ses réserves matérielles et financières et devra concéder sa défaite.

Or, pour le moment le résultat de cette élection semble très incertain; selon les sondages c'est quasiment du 50/50 entre Harris et Trump. Je ne suis pas analyste politique, je ne peux pas dire qui va gagner le mois prochain. En revanche, cette incertitude en dit long sur les USA en ce moment.



Sondages: "too close to call"

Depuis que Kamala Harris a remplacé Joe Biden comme candidate démocrate à l'élection présidentielle, les sondages décrivent une course proche de l'équilibre. Certes, Harris a une légère avance au niveau national, mais dans les 7 swing states (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie,  Caroline du nord, Georgie, Arizona et Nevada), les moyennes des sondages sont tellement proches qu'on ne pas prédire qui sera le vainqueur. Comme d'habitude, les média commentent ça comme une course de chevaux et font leurs gros titres quand un sondage favorise l'un ou l'autre des candidats, mais ceux qui ont fait un peu de science savent ce qu'est le bruit statistique et savent bien que des variations se situant dans les marges d'erreur des sondages (autour de 4%) sont insignifiantes. Tout au plus, on peut dire que l’écart se ressert, même si c'est peut-être une illusion renforcée par les très nombreux sondages pro-Tump publiés ces derniers temps.

Il existe bien des modèles qui essaient de prédire le résultat, mais honnêtement, je ne sais pas quoi en penser. Et de toute façon, la plupart d'entre eux décrivent également une bataille serrée même s'ils prédisent tel ou tel vainqueur. Quoi qu'il en soit, cette quasi-égalité dans les sondages peut être interprétée de différentes manières.

Les Trumpistes rappellent que en 2016 comme en 2020, les sondages donnaient les Démocrates largement gagnants, et au final Trump a gagné en 2016 et n'est pas passé loin de la réélection en 2020. Ils estiment donc que cette égalité, en 2024, signifie que Trump va gagner.

A l'inverse, les Démocrates soulignent qu'en 2022, c'était les Républicains qui étaient surestimés dans les sondages; que depuis que la Cour Suprême a annulé "Roe vs Wade", les Démocrates font mieux que les Républicains dans les élections partielles, y compris dans des endroits acquis aux Républicains. Les électeurs démocrates sont également plus mobilisés, Harris récolte plus de dons, et le fait qu'il y aura un referendum sur l'avortement dans plusieurs états-clefs laissent penser que les Démocrates feront peut-être bien mieux que ce que prédisent les sondages. D'ailleurs, en 2012, les sondages prédisaient en octobre une élection très serrée qui fut au final largement emportée par Obama. De plus, certaines personnes (Allan Lichtman, Michael Moore) qui avaient prédit (contre l'opinion alors dominante) une victoire de Trump en 2016 prévoient cette année une victoire de Harris.


 

De la démocratie en Amérique, et de son avenir

Quoi qu'il en soit, il est certain que près de 50% des Américains vont voter pour Trump, et ça en dit long sur l'avenir de la démocratie aux USA. Car Trump n'est pas un candidat ordinaire. C'est un extrémiste qui ne cache guère ses velléités de détruire la démocratie, purement et simplement. Au contraire de Harris qui a une campagne très centriste, Trump multiplie les outrances, les mensonges, et se prépare une fois de plus a se déclarer vainqueur de l'élection (sans attendre le résultat du dépouillement) puis à répéter, à plus grande échelle, ses tricheries de 2020. Ce ne devrait pas être du 50/50 mais du 80/20 en faveur de Kamala Harris. Pourtant, la grande majorité des électeurs républicains (et une partie des indépendants) compte toujours voter  pour Trump. Pourquoi ? 

Une partie de la réponse tient en deux mots, deux travers de la presse: le bothsidesism et le sanewashing. Le bothsidesism, ou faux équilibre en bon français, consiste à présenter de manière équilibrée une situation qui ne l'est pas. Le sanewashing, qui découle du faux équilibre, c'est quand les média aseptisent les propos de Donald Trump et compagnie. Les média répugnent à décrire objectivement Trump (un criminel narcissique plus proche de Vito Corleone que d'Abraham Lincoln) et ses propositions politiques (ouvertement extrémistes, voire fascistes) pour ce qu'elles sont, de peur "d’apparaître comme partisans". Trump dit ouvertement qu'il veut être un dictateur "juste le premier jour", mais on sait bien que tous les dictateurs prolongent ensuite la période "exceptionnelle" pendant laquelle ils peuvent exercer leurs pleins pouvoirs. Il dit que s'il est élu, il n'y aura ensuite "plus besoin de voter". Toutes ces remarques, tous les scandales que traîne Trump auraient dû avoir mis fin à sa carrière politique, mais "Teflon Don" s'en sort toujours.

Et je crois que c'est parce qu'une grande partie de la droite américaine est OK pour mettre fin à la démocratie américaine... du moment que c'est leur camp qui obtient le pouvoir. Ils veulent que leurs idées triomphent, peu importe le moyen anti-démocratique. Leur devise n'est pas "E Pluribus Unum", ni même "In God we Trust", c'est "le pouvoir à tout prix". C'est pour ça que, après le 6 janvier 2021, ils n'ont pas voté l'impeachment contre Donald Trump. Ce sont des gens qui lisent La servante écarlate et se disent "ce n'est pas si mal, ce qu'ont fait les Fils de Jacob pour prendre le pouvoir". 

Le problème n'est donc pas juste Trump, c'est tout le mouvement néofasciste qui a transformé le parti républicain, qui radicalise une grande partie de la population et pourrit toute la société américaine de l'intérieur. Même si Harris gagne la présidentielle et obtient une majorité à la Chambre des représentants et au Sénat, l'Amérique n'en aura pas fini avec ses démons. Pour son malheur, et celui de l'Ukraine et du reste du monde.


mercredi 2 octobre 2024

Guerre en Ukraine: bilan du mois de septembre 2024

Comme chaque mois, voici un petit bilan du mois de septembre 2024, à mettre en perspective avec les constats que j'avais faits fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2023 ainsi que fin janvier, fin février, fin mars, fin avril, fin mai, fin juin, fin juillet et fin août 2024.

Ce mois-ci, les Russes ont continué leur grignotage des défenses ukrainiennes. La situation reste très préoccupante vers Pokrovsk, Toretsk, Vuhledar (sur le point de tomber aux mains des Russes) et à l'est de Kupyansk. En ce qui concerne l'offensive ukrainienne dans la région de Kursk, les Russes ont contre-attaqué, et les Ukrainiens ont alors contre-contre-attaqué. La situation reste confuse et couverte par un épais brouillard de guerre, mais il semble que les Ukrainiens ont perdu un peu de terrain.

 


Explosion du dépôt de munition de Toropets (18 septembre)

EDIT: Pour tous les changements sur la ligne de front, je renvoie au très complet bilan mensuel du site Militaryland.net

 

 

Pertes russes

Je rappelle les pertes russes telles qu'annoncées par les officiels Ukrainiens dans les 4 catégories à surveiller: Artillerie, MLRS, DCA et équipements spéciaux. Pour chacune, je vais donner les chiffres mensuels habituels ces derniers mois, ainsi que les moyennes pour la première année (mars 2022 à février 2023) et la deuxième année (mars 2023 à février 2024) puis les chiffres de mars > avril > mai > juin > juillet > août > septembre 2024

  • Artillerie 
    • moyenne 1ere année: 190/mois
    • moyenne 2e année: 650/mois
    • 980 (mars) > 961 (avril) > 1129 (mai) > 1393 (juin) > 1553 (juillet) > 1528 (août) > 1208 (septembre)
  • MLRS
    • moyenne 1ere année: 40/mois
    • moyenne 2e année: 43/mois
    • 23 (mars) > 30 (avril) > 35 (mai) > 22 (juin) > 21 (juillet) > 45 (août) > 28 (septembre)
  • DCA
    • moyenne 1ere année: 21/mois
    • moyenne 2e année: 37/mois
    • 53 (mars) > 36 (avril) > 36 (mai) > 58 (juin) > 34 (juillet) > 33 (août) > 23 (septembre)
  • Équipements spéciaux
    • moyenne 1ere année: 19/mois
    • moyenne 2e année: 114/mois
    • 228 (mars) > 148 (avril) > 187 (mai) > 284 (juin) > 249 (juillet) > 280 (août) > 336 (septembre)

Ces chiffres sont donc en baisse comparés à ceux du mois précédent, à part la catégorie "équipement spéciaux" qui elle bat tous les records. De manière générale, les pertes annoncées, bien qu'en légère baisse, restent toujours très élevés: 38 110 hommes et 4 377 pièces d'équipement perdues par les Russes selon le comptage mensuel fait par Ragnar Bjartur Gudmundsson.

Les campagnes de frappes aériennes ont continué, les événements les plus significatifs étant la destructions de trois grands dépôts de munitions russes: deux près de la ville de Toropets et un à Tikhoretsk. Selon les services de renseignement estoniens, ces munitions détruites représentent l'équivalent de ce que les Russes consomment en 3 mois de combat.



Temps mort

Malgré la fureur des combats (qui ne diminuent guère en intensité), septembre a encore été un de ces mois où il est difficile de se faire une idée de ce qui se passe, et on a l'étrange impression que, paradoxalement, il ne se passe rien de notable. Par exemple à Koursk, il semble que les Ukrainiens ne progressent plus, voire reculent, malgré l'envoie de nouveaux renforts. Est-ce parce qu'ils ont été vaincus ? Ou que le commandement ukrainien a changé ses plans ?  Il en est de même pour les offensives Russes: ceux-ci attaquent partout, sans se soucier de leurs pertes, pour des gains au final assez dérisoires. 

La progression russe est un peu plus rapide (par exemple en ce moment vers Vuhledar) sans qu'on en sache la raison. Est-ce parce que les Ukrainiens se replient plus ou moins volontairement ? Qu'ils sont à bout de souffle et à deux doigts de craquer ? Qu'il manque les armes et munitions qui avaient permis d'y repousser les Russes en 2022 et 2023 ? Pourtant, le soutien occidental est rétabli depuis plusieurs mois, du moins sur le papier.

La fatigue des deux armées explique peut-être pourquoi on a ce genre de situation, comme si deux boxeurs fatigués se donnaient des coups parfois puissants mais toujours mal ajustés.

Mais, si je devais deviner, je crois que chacun est en fait dans l'attente des résultats des élections américaines, qui plus que tout autre chose va décider du sort de l'Ukraine. Car, à un mois de l'élection, l'incertitude est toujours grande. Si Kamala Harris domine dans les sondages au niveau national, ce sont les grands électeurs qui décident de l'élection, et dans les swing states, les sondages donnent toujours Harris et Trump au coude à coude. Sans compter toutes les tricheries que Trump essaiera de mettre en oeuvre pour conquérir le pouvoir.

Liens en vrac, 14/03/2025

Nouvelle fournée des liens intéressants que j'ai pu trouver depuis la dernière fois .   Analyses Bombardiers de nuit ukrainiens Une erre...