mercredi 25 décembre 2024

Pour la Paix

C'est Noël.

Aussi, et bien que cela contraste avec l'intensité toujours plus forte de la guerre, les média parlent de plus en plus de la possibilité d'une "paix" en Ukraine. Surtout que Donald Trump a promis de ramener la paix en 24 heures. Mais de quelle paix parle-t-on ?


Guerre et paix

Si on demande à quelqu'un s'il est pour la paix en Ukraine (et même dans le monde entier), n'importe qui répondra par l'affirmative. Qui est contre la paix ? Qui est pour la guerre ? Personne ! 

Aussi, une question plus pertinente est de savoir ce qu'on entend par "paix". Car ce même mot peut avoir une signification radicalement différente en fonction de votre interlocuteur. Il en est de même pour le mot "guerre".

Rappelons que la guerre entre la Russie et l'Ukraine n'a pas commencé en février 2022, mais en mars 2014, quand la Russie a envahit la Crimée. Il y a eu ensuite de violents combats dans le Donbas en 2014 et 2015, puis le conflit a diminué d'intensité avant de reprendre bien plus intensément en février 2022. Mais malgré ces plus de 10 ans de conflit, la Russie n'a toujours pas déclaré la guerre à l'Ukraine. Depuis près de 3 ans, elle continue son "opération militaire spéciale de trois jours". De même, la Russie n'est pas en guerre ouverte  avec les autres pays européens, mais mène pourtant une vaste guerre hybride mêlant propagande, corruption et sabotages ainsi que des ingérences électorales qui, à une autre époque, aurait probablement constitué un casus belli. Mais personne n'a envie d'une guerre ouverte avec une puissance nucléaire, alors les politiciens font beaucoup d'efforts pour détourner la tête de ces attaques.

Le Colonel Goya n'aime pas ce terme de "guerre hybride" et lui préfère des termes comme "confrontation"; il rappelle aussi que des pays (surtout des pays disposant de la bombe H) peuvent aller très loin, y compris participer directement à des combats, tout en présentant les choses pour éviter d'être officiellement en guerre. Toujours est-il que les choses ne sont pas binaires, il y a un certain continuum entre "l'état de guerre" et "l'état de paix". Et donc qu'il ne suffit pas que les armes se taisent pour que l'on soit réellement en paix. Aussi, plutôt que de vouloir à tout prix "la paix en Ukraine", il faut plutôt s'interroger sur ce que signifie réellement la paix et les conditions nécessaires à celle-ci.

 

 

Une paix juste et durable

Comme le rappelle régulièrement le président Volodymyr Zelensky, cette guerre est une guerre d'invasion qui peut être terminée, à n'importe quel moment, si les envahisseurs russes renoncent à leurs projets de conquête et quittent l'Ukraine. Les conditions pour obtenir une paix juste et durable incluent:

  • le retrait total des troupes russes
  • la libération de tous les Ukrainiens (en particulier les enfants) déportés en Russie
  • des poursuites pénales contre les criminels de guerre
  • le paiement de réparation pour les dommages causés
  • des garanties de sécurité fortes pour l'Ukraine (comme par exemple l'adhésion à l'OTAN)

Obtenir toutes ces conditions est ce qui définit les objectifs politiques de l'Ukraine dans cette guerre. Malheureusement, le rapport de force actuel (et potentiellement futur) ne permet guère d'espérer atteindre tous ces objectifs. Et, en Occident, certains dirigeants, dont Trump, veulent que les Ukrainiens n'en atteignent aucun.

Car si l'attention des média se concentre essentiellement sur le premier point, en se focalisant uniquement sur les questions territoriales, celles-ci sont un peu secondaires. Pour les Ukrainiens, ce qui compte avant tout, ce sont les garanties de sécurité.

La plus grande crainte des Ukrainiens, en cas de cessez-le-feu, c'est que la Russie profite du répit pour se réarmer et lance de nouvelles offensives dans quelques mois/années face à une Ukraine affaiblie et incapable de se défendre une nouvelle fois. C'est pourquoi l'Ukraine a besoin de garanties de sécurité extrêmement fortes, comme une adhésion à l'OTAN et à l'UE, pour lui permettre de se reconstruire après guerre et de ne plus craindre une nouvelle invasion russe.



Les négociations de tous les dangers

En fait, comme l'a très bien dit Anders Puck Nielsen, les négociations (voulues par Trump) peuvent permettre à la Russie de parvenir à ses buts de guerre alors qu'elle en est incapable militairement. La Russie veut:

1) conserver les territoires qu'elle occupe actuellement

2) la fin des sanctions occidentales

3) l'isolement de l'Ukraine (interdite de rejoindre l'OTAN)

Et certains, en Occident, sont prêts à accorder tout ça en échange d'une vague promesse de Poutine qui ne vaudra pas plus que ses promesses précédentes. Si Poutine obtient ça alors la Russie aura gagné: l'Ukraine sera faible, incapable de se reconstruire, son pouvoir politique discrédité et la Russie déploiera toute sa propagande et ses méthodes de corruption pour prendre le contrôle du gouvernement, comme elle l'a fait en Géorgie.

Pire, Trump poussera à ce que les USA se désengagent de l'Europe, ce qui rendra toute l'Europe vulnérable, et susceptible de se faire envahir par la Russie. Quelle sera la réaction des Européens ? Hélas, on peut craindre le pire. Le pire serait que Trump fasse tout pour renforcer la menace russe, et fasse ensuite du chantage aux européens du style "achetez nos armes ou je ne vous défendrai pas face aux Russes".

Si cela se produit, la réaction logique et saine des Européens serait de se passer des Américains et de prendre en main leur défense. Mais je crains que les Européens veuillent au contraire  tout faire pour ne pas déplaire à Trump, quitte à sacrifier l'Ukraine... et leur futur à moyen-long terme.

Ce n'est donc pas seulement le sort de l'Ukraine qui est en jeu, mais aussi celui de toute l'Europe, qui pourrait se retrouver coincée entre le marteau d'une Russie impérialiste et belliqueuse et l'enclume d'une Amérique tournant au fascisme.



Les Européens ont leur destin entre leur mains

Cependant, le pire n'est jamais certain; même si beaucoup, comme Guillaume Ancelme pensent que Trump va obtenir son "cessez-le-feu" au dépend de l'Ukraine, il faut noter que ni Poutine, ni Trump n'ont vraiment les moyens de contraindre les Européens à accepter une "paix" qui serait à leur désavantage. Ils ne peuvent que menacer, encore et encore, agiter la somme de toutes les peurs, mais au final les Européens ne sont pas obligés de céder, et les Ukrainiens encore moins. 

Mais cela nécessite des changements radicaux. En Ukraine, où la structure de commandement est complètement défaillante. Mais aussi en Europe, où c'est le monde politico-médiatique qui  tourne en boucle mais ne fait rien pour résoudre les problèmes auxquels l'Europe est confrontée. Paradoxalement, le pire serait de continuer "comme avant" et l'augmentation des dangers est peut-être la seule chose qui pourrait pousser les Européens à sortir de leur léthargie et leurs querelles intestines. Encore faudrait-il qu'ils le fassent avant qu'il ne soit trop tard.


mercredi 4 décembre 2024

Guerre en Ukraine: bilan du mois de novembre 2024

Comme chaque mois, voici un petit bilan du mois de novembre 2024, à mettre en perspective avec les constats que j'avais faits fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre, fin octobre, fin novembre, fin décembre 2023 ainsi que fin janvier, fin février, fin mars, fin avril, fin mai, fin juin, fin juillet, fin août, fin septembre et fin octobre 2024.

Une fois de plus, les Russes ont continué leur grignotage des défenses ukrainiennes, surtout dans le sud-est où ils ont poussé leur avantage après la chute de Vuhledar et menacent de déborder deux points forts de la défense ukrainienne: Kurakove et Velyka Novosilka.  La situation reste très préoccupante aussi vers Pokrovsk, Toretsk et vers Kupyansk, même si jusqu'à présent ces villes tiennent encore. Dans la région de Kursk, les Ukrainiens reculent tout en infligeant de grandes pertes aux Russes.
 
EDIT: Pour tous les changements sur la ligne de front, je renvoie au très complet bilan mensuel du site Militaryland.net.

Mais l'évènement le plus décisif de ce mois, c'est la ré-élection de Donald Trump, qui va avoir des conséquences dramatiques pour l'Ukraine - et pour le reste du monde aussi.

Commémoration à Washington, USA, 30 novembre 2024


Pertes humaines record, pertes matérielles en baisse

Je rappelle les pertes russes telles qu'annoncées par les officiels Ukrainiens dans les 4 catégories à surveiller: Artillerie, MLRS, DCA et équipements spéciaux. Pour chacune, je vais donner les chiffres mensuels habituels ces derniers mois, ainsi que les moyennes pour la première année (mars 2022 à février 2023) et la deuxième année (mars 2023 à février 2024) puis les chiffres de mars > avril > mai > juin > juillet > août > septembre > octobre > novembre 2024

  • Artillerie 
    • moyenne 1ere année: 190/mois
    • moyenne 2e année: 650/mois
    • 980 (mars) > 961 (avril) > 1129 (mai) > 1393 (juin) > 1553 (juillet) > 1528 (août) > 1208 (septembre) > 1191 (octobre) > 896 (novembre)
  • MLRS
    • moyenne 1ere année: 40/mois
    • moyenne 2e année: 43/mois
    • 23 (mars) > 30 (avril) > 35 (mai) > 22 (juin) > 21 (juillet) > 45 (août) > 28 (septembre) > 39 (octobre) > 10 (novembre)
  • DCA
    • moyenne 1ere année: 21/mois
    • moyenne 2e année: 37/mois
    • 53 (mars) > 36 (avril) > 36 (mai) > 58 (juin) > 34 (juillet) > 33 (août) > 23 (septembre) > 31 (octobre) > 25 (novembre)
  • Équipements spéciaux
    • moyenne 1ere année: 19/mois
    • moyenne 2e année: 114/mois
    • 228 (mars) > 148 (avril) > 187 (mai) > 284 (juin) > 249 (juillet) > 280 (août) > 336 (septembre) > 257 (octobre) > 47 (novembre)

On note donc, pour la plusieurs fois depuis des mois, une baisse sensible des chiffres dans les quatre catégories à la fois. En particulier, les pertes de MLRS sont très basses. En tout, 4 643 pièces d'équipement ont été perdues par les Russes selon le comptage mensuel fait par Ragnar Bjartur Gudmundsson, en baisse de 10% par rapport au mois précédent (qui avait été un record). Cependant, les combats n'ont pas diminué d'intensité et, selon les chiffres ukrainiens, les Russes ont perdu 45 450 hommes en novembre, ce qui pulvérise le record du mois précédent.

Cette baisse des pertes matérielles couplée à une augmentation des pertes humaines, si elle est confirmée les prochains mois, pourrait être le signe que la Russie commence à manquer de matériel militaire. Mais, hélas pour l'Ukraine, cela se produira trop tard pour elle: Poutine aura bientôt un allié (ou du moins un idiot utile) à la Maison Blanche.



The orange trash returns

Le 5 novembre, c'était l'élection présidentielle américaine. Les Américains avaient le choix entre un criminel et un procureur, et ils ont voté pour le criminel. Plus que la défaite de Harris, c'est la défaite de la moralité en politique. 

Trump était, objectivement, le pire candidat: corrompu, vieux, menteur, arnaqueur, agresseur sexuel, fraudeur fiscal, complotiste en tous genre, ne respectant rien ni personne (pas même les militaires capturés ou tombés au combat). Il n'a aucune probité, ses capacités intellectuelles sont au ras des pâquerettes (et ça ne s'arrange pas avec l'âge). En comparaison, Kamala Harris, qui n'est pas sans défaut, semble vertueuse. Trump est tellement narcissique, tellement tourné vers son seul intérêt personnel que, dans une société rationnelle, la seule personne qui a effectivement intérêt à voter pour Donald Trump serait Donald Trump lui-même. 

Malheureusement, des millions d'Américains ont voté contre leur intérêt. Pourquoi ? A vrai dire, je ne saurais pas l'expliquer mieux que tous les experts qui se sont déjà exprimés sur la question (et ont donné des avis souvent contradictoires). Mais il est clair que tous les défauts de Trump ne l'ont pas disqualifié aux yeux d'une majorité de votants, ce qui signifie:

  • Soit que les électeurs n'étaient pas informés des défauts de Trump et/ou n'ont pas crû à l'existence de ces défauts
  • Soit ils étaient bien conscients de ces défauts et ont voté quand même pour lui

Dans le premier cas, cela est un problème du système médiatique; dans le second, cela est un problème d'absence de morale politique. 

Ce type de problème n'est pas spécifique aux USA. En France, on a bien élu Supermenteur (alias Jacques Chirac) deux fois malgré toutes ses casseroles, idem pour Sarkozy et même François Fillon, s'il n'a pas été élu, n'est pas passé loin du second tour. La probité et l'honnêteté semblent être des qualités très secondaires pour une majorité d'électeurs. Souvent, ces électeurs rationalisent (si l'on peut dire) leur peu d'intérêt pour la probité des élus par une variante du thème "tous pourris", autrement dit: "oui, mon candidat est pourri, mais ce n'est pas grave car les autres le sont aussi." Bien entendu, ces mêmes électeurs ne veulent pas comprendre que c'est justement ce genre de vote qui favorise la corruption en politique. Ou alors, il le comprennent très bien et cherchent juste un prétexte pour dissimuler leur absence de moralité.

Dans le cas de Trump, c'est particulièrement extrême, car cette élection lui permet d'échapper à toutes conséquences, la "Justice" s'écrasant littéralement devant lui:

  • pas de procès pour les documents secrets qu'il avait volés
  • pas de procès pour les émeutes du 6 janvier 2021
  • probablement pas de peine pour l'affaire Stormy Daniels et les fraudes (faits pour lesquels il a pourtant déjà été condamné)
  • etc

Les "pères fondateurs" des Etats-Unis d'Amérique avaient en tête un modèle d'homme politique: Cincinatus, le patricien Romain ruiné (du moins c'est ce que dit sa légende) retourné cultiver sa terre et qui, par deux fois, a été rappelé et nommé dictateur pour faire face à une crise majeure, règle cette crise en quelques jours et démissionne aussitôt le problème réglé (alors que son mandat pouvait durer 6 mois). Donald Trump est tout le contraire de Cincinatus: c'est un gros riche,  il prend le pouvoir alors que les USA se portent relativement bien, refuse de le lâcher même après des élections perdues, et ne règle aucun problème mais en crée de nouveaux. Il a été pourtant réélu à la présidence, et ce second mandat présidentiel va être un désastre non seulement pour les USA, mais pour le reste du monde aussi (et en particulier pour l'Ukraine).



Conséquences sur la guerre en Ukraine

Comme je le dis depuis des mois, cette élection a probablement décidé du sort de la guerre, et pas dans un sens favorable à l'Ukraine. Certains optimistes (comme Xavier Tytelman) pensent que le retour de Trump ne va pas nuire à l'Ukraine. C'est vrai que la gestion de la guerre par Biden a été très mauvaise, surtout depuis l'automne 2022, puisque Biden n'a pas voulu (ou pu) donner à l'Ukraine ce dont elle avait besoin pour gagner. Mais ceux qui croient que ça se passera mieux sous Trump, que ce dernier va donner plus d'armes à l'Ukraine (ou autres fantaisies du même acabit) se trompent dans les grandes largeurs.

Car si certains croient Trump imprévisible et capable de frapper fort, sur l'Ukraine, il s'est constamment opposé à aider d'avantage les Ukrainiens, et Trump ne s'est par contre jamais opposé à Poutine. Il va chercher à établir la "paix" mais n'a probablement pas vraiment réfléchi aux moyens de l'obtenir concrètement. Il s'imagine peut-être (comme bon nombre de perroquets qui répètent la propagande russe) qu'il suffit qu'on arrête de fournir des armes à l'Ukraine pour que celle-ci accepte toutes les conditions de Poutine. Bref, comme l'a justement dit François Hollande, il prépare la capitulation de l'Ukraine.

Sauf que, même si les USA cessent leurs livraisons d'armes, les Ukrainiens ne vont pas abandonner pour autant, et les Européens continueront à les soutenir. On peut alors imaginer trois types de scénarios:

1) Trump se désintéresse du conflit et laisse les Européens se démerder avec cette guerre. Ceux-ci réussissent à s'organiser pour fournir aux Ukrainiens peut-être pas tout ce dont ils ont besoin, mais au moins assez pour continuer leur résistance et épuiser les Russes. Les sanctions ne sont pas levées et étouffent petit à petit l'économie russe. Fin 2025, les Russes arrivent au bout de leurs stocks d'armes soviétiques et la Corée du Nord ne peut pas combler les besoins immenses de la Russie. Les Ukrainiens parviennent alors à contre-attaquer en 2025 ou 2026 et libèrent tout ou une partie du territoire occupé, si bien que la Russie finit par jeter l'éponge.

2) Trump se désintéresse du conflit et laisse les Européens se démerder avec cette guerre. Ceux-ci ne réussissent pas à s'organiser pour fournir aux Ukrainiens assez d'armes et de munitions pour continuer leur résistance et épuiser les Russes. Les Ukrainiens seraient alors contraints de reculer toujours plus. Dans ces conditions, le seul espoir des Ukrainiens est de compter sur eux-même, et de s'attaquer dans l'urgence à certains problèmes de commandement et d'organisation qu'ils auraient dû régler il y a maintenant deux ans: rationaliser l'organisation de leur armée, leur logistique, la formation de leurs soldats, etc. Si ces changements se font, les Ukrainiens peuvent espérer résister assez longtemps, jusqu'à ce que la Russie se heurte au mur de l'argent et à la fin de ses stocks soviétiques. Mais même alors, il est peut probable que la Russie jette l'éponge vu tout ce qu'elle a investi dans cette guerre et s'accroche à ses gains territoriaux et que l'Ukraine soit alors incapable de repasser à l'offensive. S'en suivrait un conflit non résolu, interminable et pouvant basculer dans un sens ou un autre mais qui sera de toute manière très sanglant.

3) Malheureusement, il existe aussi la possibilité que Trump veuille littéralement offrir la victoire à Poutine (et non simplement désengager les USA). Dans ce dernier cas, il dispose hélas de tous les moyens pour le faire: il peut non seulement bloquer la livraison de matériel produit par les USA (y compris ceux déjà commandés et payés par le gouvernement Biden via le programme USAID, mais pas encore livré), mais aussi bloquer la livraison d'équipements européens qui contiennent des composants américains (comme les SCALP/Storm Shadows) et surtout, lever les sanctions économiques qui étouffent la Russie. Si cela se produit, l'Ukraine ne pourra rien faire. Seule l'Europe aurait théoriquement les moyens de s'opposer aux USA, mais divisée comme elle est, elle n'aura pas la volonté politique de s'opposer à Trump.



Conclusion

Ce mois de novembre 2024 est le pire mois pour l'Ukraine, et ce n'est pas en raison de la progression (toute relative) des Russes dans le Donbas mais à cause de l'élection de Donald Trump. 

On ne sait pas encore quel est le plan de Donald Trump pour l'Ukraine (à supposer qu'il en a un), mais il est probable qu'il veut "figer" le conflit sur les lignes de front actuelles, ce qui serait un désastre pour l'Ukraine (et pour l'Europe en général) mais également insatisfaisant pour la Russie (du moins tel est le discours officiel russe).

C'est pourquoi l'Ukraine se prépare depuis des mois à l'arrivée de Trump, contrairement aux Européens qui, comme d'habitude, sont infoutus d'anticiper quoi que ce soit. 

  • d'abord, les Ukrainiens occupent une partie de la Russie, ce que Poutine vit comme une humiliation, et cela pourrait ne pas inciter les Russes à accepter de geler les front actuels
  • ensuite, le "plan de la Victoire" de Zelensky était avant tout destiné à Trump, à lui faire comprendre en quoi les USA peuvent être gagnant en cas de victoire Ukrainienne
  • enfin, les récentes déclarations de Zelensky sur le fait d'accepter un cessez-le-feu en échange d'une adhésion à l'OTAN montrent à la fois qu'il est bien conscient que la priorité, pour l'Ukraine, est d'obtenir des garanties de sécurité forte (elle ne pourra pas faire face seule à une nouvelle guerre avec la Russie) et aussi une manière de rendre inacceptable (pour Poutine) un tel accord

Malheureusement, il est à craindre que cela ne soit pas suffisant et que Trump privilégie les intérêts de la Russie (et son propre intérêt) aux intérêts de l'Ukraine et des Occidentaux. Pour contrebalancer Trump, il faudrait une Europe forte. Or, les plus grands pays européens sont actuellement plongés dans une incertitude politique et/ou sont incapables de prendre la tête pour organiser une opposition forte à Trump

  • il va y avoir des élections anticipées en Allemagne
  • la France est sans gouvernement stable
  • le Royaume-uni peut difficilement prétendre diriger les Européens après le Brexit
  • l'Italie est dirigée par une facho qui de toute manière est pro-Trump

Inversement, les pays qui ont la volonté politique de ne pas abandonner l'Ukraine (Pologne, pays baltes, pays scandinaves) ont individuellement trop peu de poids pour incarner cette opposition frontale à Trump. L'avenir est donc bien sombre.

Liens en vrac, 14/03/2025

Nouvelle fournée des liens intéressants que j'ai pu trouver depuis la dernière fois .   Analyses Bombardiers de nuit ukrainiens Une erre...